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494. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Gonod, l’honorable éditeur, qu’il devenait à craindre qu’il ne se décidât point à donner une seconde édition fort désirée. […] Devenu prêtre, il eut à prononcer dans cette dernière ville l’oraison funèbre de l’archevêque mort en 1659 ; il n’avait mis que dix jours au plus à la préparer. […] M. de Caumartin avait eu d’une première femme, Marie-Urbaine de Sainte-Marthe, un fils qui devint par la suite un magistrat et un administrateur distingué ; ce fut l’élève de Fléchier79. […] Elles sont bien de celui qui, devenu prélat, ne négligeait pas de correspondre avec Mme Des Houlières et avec Mlle de Scudery, et qui écrivait à la première : « Quelle joie pour moi, madame, de trouver, après le cours ennuyeux d’une visite de diocèse, une lecture aussi délicieuse que celle de vos poésies ! […] Lorsque des personnes de qualité, d’esprit et de fort bonnes mœurs, qui ne craignaient point la plus sévère justice, et qui s’étaient acquis la bienveillance des peuples, venaient à Clermont, ces bonnes gens les assuraient de leur protection, et leur présentaient des attestations de vie et mœurs, croyant que c’était unes dépendance nécessaire, et qu’ils étaient devenus seigneurs, par privilège, de leurs seigneurs mêmes.

495. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Par degrés, aux voyelles se sont ajoutées des consonnes, et les exclamations sont devenues de plus en plus articulées. […] Probablement, le grand air et le kaléidoscope mouvant de la rue lui ont plu ; car, vers le quatrième mois, il devenait pleurard et méchant quand le mauvais temps l’empêchait de sortir. […] Ce nom, le rapide, aurait pu être appliqué aussi à beaucoup d’autres animaux ; mais, ayant été appliqué à maintes reprises aux chevaux, il devint pour cette raison impropre à tout autre usage. […] Ce frottement, qui ôte à chaque son imitatif sa spécialité, marche tout à fait parallèlement à la généralisation de nos impressions, et nous n’avons pas d’autre moyen de comprendre comment, après une longue lutte, les vagues imitations phonétiques d’impressions spéciales devinrent les représentations phonétiques définies de concepts généraux. […] En abandonnant tout ce qui pouvait rappeler à l’auditeur le son spécial de tel objet emporté par un mouvement rapide, la racine pat devint apte à signifier le concept général du mouvement rapide, et cette racine, par sa végétation, fournit ensuite une quantité de mots en sanscrit, en grec, en latin et dans les autres langues aryennes.

496. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Bachelier en 1449, il devint vers août 1452 licencié et maître ès arts. […] Il devint maître en l’art d’escroquer, par subtil ou effronté larcin, poisson, vin, viande, pain, tripes, de quoi faire une « franche repue » ; c’étaient jeux innocents par où il préludait à de plus sérieux exploits. […] Le sentiment patriotique, en son âme froide et pratique, devient l’idée du bien public, qui en contient trois autres : extension dans les justes limites, unité sous le pouvoir central, et bon gouvernement du royaume. […] La jeune duchesse Anne, devenue notre reine, amena de Nantes, attira de tous les coins du royaume tout ce qu’elle put trouver de grands, moyens, petits et tout petits rhétoriqueurs. […] Né vers 1394, fils d’un bourgeois de Baveux, frère cadet de Guillaume qui devint évêque de Paris, il servit Charles VI et Charles VII.

497. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Une pièce de théâtre ne vaut quelque chose que si elle peut devenir un livre. […] Quand le théâtre devient sérieux, il devient dangereux ou il nous assomme. […] Le même chef-d’œuvre joué, interprété, peut devenir, pour le lettré, absolument lettre morte, et cela, en dépit des efforts des bons interprètes et de la valeur des toiles de fond. […] Attendons avec patience que les écoliers d’aujourd’hui, devenus des hommes nouveaux, écrivent des livres dignes de ceux que l’on écrivait hier. […] Une pièce de théâtre ne vaut quelque chose que si elle peut devenir un livre… » Et cette dernière phrase sera, si l’on veut, notre conclusion.

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