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1861. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Que devenait Rome, en effet, après Auguste ? […] Que sur le visage coulent des larmes douces enfin, et que la douleur, devenue triomphale, adore maintenant tout ce qu’elle avait pleuré ! 

1862. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Pour comprendre ce que devint l’une, il faut comprendre ce qu’était l’autre : l’art dépendit des affaires, et l’esprit des partis fit l’esprit des écrivains. […] Partridge se trompe, ou trompe le public, ou veut frauder ses héritiers985. —  Ailleurs, la lugubre plaisanterie devient plus lugubre. […] Il n’aime point la noblesse et la beauté antiques ; les deux dieux deviennent entre ses mains des moines mendiants, Philémon et Baucis des paysans du Kent. Pour récompense, leur maison devient église, et Philémon curé « sachant parler de dîmes et redevances, fumer sa pipe, lire la gazette, aigre contre les dissidents, ferme pour le droit divin989. » L’esprit abonde, incisif, par petits vers serrés, vigoureusement frappés, d’une netteté, d’une facilité, d’une précision extrêmes ; mais, comparé à notre La Fontaine, c’est du vin devenu vinaigre. […] Élevées à cette énormité et savourées avec cette insouciance, les fonctions corporelles deviennent poétiques.

1863. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Les deux lettres C & G deviennent auxiliaires pour exprimer des articulations auxquelles l’usage à refusé des caracteres propres. […] Les fautes que le peuple commet d’abord par ignorance deviennent enfin usage à force de répétitions, & font loi, même pour les savans. […] Ce n’est pas seulement l’hellénisme qui peut passer dans une autre langue, & y devenir une figure de construction ; tout idiotisme particulier peut avoir le même sort, & faire la même fortune. […] Mais il n’en demeure pas moins vrai que ces verbes, devenus auxiliaires, perdent réellement leur signification primitive & fondamentale, & qu’ils n’en retiennent que des idées accessoires & éloignées. […] Mais il n’en est pas moins constant qu’elles tiennent toutes, plus ou moins, au génie des diverses langues, qu’elles en sont des émanations, & qu’elles peuvent en devenir des indices.

1864. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

À peine une étoile du ciel qu’un œil humain puisse maintenant apercevoir ; les brouillards pestilentiels, les impures exhalaisons devenues incessantes, excepté sur les plus hauts sommets, ont effacé toutes les étoiles du ciel. […] Mais il y a une autre voie toute germanique par laquelle les idées allemandes peuvent devenir anglaises. […] Est-ce que l’imagination n’est pas obligée de tisser des vêtements, des corps visibles par lesquels les inspirations et les créations invisibles de notre raison sont révélées comme le seraient des esprits, et deviennent toutes-puissantes ?  […] Puis l’envoyé céleste est rappelé ; son vêtement de terre tombe, et bientôt devient pour les sens eux-mêmes une ombre évanouie. […] Par cette échelle de transformations, l’idée générale devient un être poétique, puis un être philosophique, puis un être mystique, et la métaphysique allemande, concentrée et échauffée, se trouve changée en puritanisme anglais.

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