Oui, comme on naît poëte, historien, orateur, c’est-à-dire avec des dispositions à le devenir par l’exercice & l’étude. […] Eschyle lui donna des interlocuteurs ; le dialogue devient la piece, & le choeur forma l’intermede. […] Quelquefois il semble en être le comble, & il en devient le terme : voyez Iphigénie. […] Idée du P. le Bossu, qui devient chimérique dès qu’on la presse. […] En admirant la cause on a loüé les effets : ainsi les fléaux de la terre en sont devenus les héros.
Rousseau, vous devenez méchant, injuste, cruel, féroce, et j’en pleure de douleur. […] Le rival de Corneille devenu son commentateur ! […] Je les regarde et je ne sais plus ce que je deviens. […] Si en denrées, que deviennent-elles ? […] Notre position devient tout à fait fâcheuse.
« Je sais qui vous êtes », lui dit le Consul en recevant les premiers préfets, « et je devine ce que vous serez ; mais, entre tous les motifs qui m’ont déterminé à vous confier la préfecture de Paris, il en est un que je dois rappeler en ce moment : c’est qu’ayant été maltraité par la Révolution, vous n’en êtes pas moins resté constamment attaché à vos principes, et qu’étant devenu administrateur de votre département, après avoir été longtemps persécuté, vous n’avez persécuté personne. » C’est ici que commencent pour Frochot douze années d’une administration féconde, bienfaisante, tutélaire. […] En 1815, à cette heure de réaction, tout disgracié du gouvernement impérial devenait comme de droit un favori et un adopté du régime nouveau. […] Comme ce vieillard de Térence qui se punit d’une erreur et qui se venge d’un secret chagrin, il se donnait bien de la peine et de la sueur à remuer la terre et à labourer son champ ; mais, pour cela, il n’était nullement devenu misanthrope.
II L’humanité est arrivée, a dit l’éloquent professeur, à une de ces époques où l’inquiétude la saisit, où elle s’agite confusément en proie à un malaise profond ; où, après avoir renversé par une révolte glorieuse les obstacles qui la retenaient dans sa marche, et avoir brisé son antique lien, devenu trop étroit pour elle et trop douloureux, elle s’arrête, tourne un instant sur elle-même, interrogeant chaque point de l’horizon, se demandant et demandant à son histoire passée et à tout ce qui l’entoure où elle va, d’où elle vient, et la raison de de qu’elle a fait, et la règle de ce qui lui reste à faire ; la loi, en un mot, de son progrès et de sa vie. […] Jouffroy au reste ne se pose pas la question dans ce sens ; il entend surtout par destinée de l’individu, la fin pour laquelle le moi a été placé sur la terre, eu égard à ce qu’il était avant cette vie et à ce qu’il deviendra après la mort. […] Jouffroy et Damiron, elle est merveilleuse à décrire jusque dans leurs moindres nuances les idées, les sentiments, les habitudes logiques de l’individu de nos jours, tel que le christianisme moins la foi, tel que le christianisme devenu philosophie l’a élaboré ; elle analyse avec beaucoup de sagacité le dernier produit intellectuel de la civilisation chrétienne, mais sans portée pour nous expliquer la formation antérieure de ce produit, sans puissance pour le féconder et le transformer.