Que deviendrait le respect, ce grand auxiliaire moral des gouvernements ? Que deviendrait la société politique, enfance éternelle qui condamnerait les peuples à une éternelle étourderie ? […] Tu auras vu envahir deux fois la patrie par le reflux inévitable de l’Europe sur ce nid d’aigles qu’on appelle la France, où le conquérant, conquis à son tour, allait devenir la proie de sa proie. […] J’avais le pressentiment que l’heure si lente à couler sonnerait enfin, et que les vices d’origine de la monarchie d’Orléans amèneraient tôt ou tard une de ces crises où les hommes de réserve qui ne sont rien la veille deviennent les hommes nécessaires du lendemain. […] S’adressait-il à l’un de ses anciens ministres pour lui remettre le gouvernement, il trouvait devant lui un autre ministre, rival du premier, qui devenait plus acharné à la curée d’un pouvoir dont il était exclu.
L’homme le plus insouciant s’y attriste comme tous les passants, le bruit d’une voiture y devient un événement, les maisons y sont mornes, les murailles y sentent la prison. […] Delphine aimait l’argent : elle épousa Nucingen, banquier d’origine allemande qui devint baron du Saint-Empire. […] Les enfants devinent la convoitise dans les regards aussi bien que vous y lisez l’amour : je devins alors un excellent sujet de moquerie. […] À ce jeu, combien d’enfants seraient devenus gourmands, quêteurs, lâches ! […] Cela n’est plus chaud, cela devient tiède ; la tiédeur amène la froideur, et la dernière partie du roman fait douter de la première.
Mais il fallait vivre. « Sans aucune préparation, je devins journaliste. […] Le combat a réellement commencé à l’acte qui devait le finir : ce qui était clair à mon esprit devient douteux ; ce que j’ai abandonné avec le plus de facilité me devient cher. […] Et pourtant les révolutionnaires inassouvis et furieux sont bien les fils des révolutionnaires repus, devenus conservateurs de leur situation acquise et défenseurs de l’ordre en tant qu’ils en bénéficient. […] » Mais, si mon âme est faible, elle a du moins embrassé une loi forte ; si elle penche à de vils désirs, elle aime pourtant une loi sainte et pure ; si je me rends coupable dans mon coeur, du moins je ne veux point devenir la pierre où trébuche le pied de l’innocent. […] Devenu chrétien, il fut plein de Bossuet.
C’est l’idée que chacun est intéressé au bien-être et à la santé morale de tous, et inversement ; et que si la société, dont nous ne retirons, nous autres, que bénéfices, commet des erreurs ou des oublis et fait des victimes, nous en devenons responsables, pour notre part, dès que nous nous retranchons dans notre égoïsme. […] La forme que vous savez donner à votre charité implique que vous regardez le pauvre comme étant moralement votre égal et comme n’étant pas incapable de le devenir même socialement. […] Moi, j’ai roulé beaucoup d’imbéciles dans ma vie ; mais j’ai épousé, quand elle est devenue mère, une ouvrière que j’avais séduite. […] Ce n’est pas dans mon cœur que je suis blessée, mais dans ma fierté la plus légitime, et très profondément, je l’avoue… » Mais que devient-elle, lorsqu’elle apprend que ce n’est pas tout, que Müller a demandé la main de Dorothée, et que M. et Mme Pétermann ont consenti à une substitution si naturelle ! […] Et, comme elle est juste, je l’accepterai d’un tel cœur qu’elle me deviendra légère… Si j’ai eu jadis quelques mérites, je les ai perdus du moment que j’ai pris des airs vulgaires de sacrifiée et que j’ai quêté sottement des consolations.