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1461. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Lui qui avait demandé des lois féroces contre la presse (immanis lex), il feignit de se déclarer le défenseur à tout prix de cette puissance terrible, dès qu’il en fut l’arbitre par son talent ; ou il n’en connut pas l’ascendant en France, ou il lui sacrifia la couronne. […] Je ne fus donc pas coupable ; je m’effaçai entièrement de toute prétention à l’héritage du gouvernement qui était tombé à ma voix ; je ne demandai part qu’au danger et à la lutte de mes collègues contre l’anarchie, tant que le danger fut mortel et la lutte un devoir. […] « Comment, lui demandait un jour M.  […] L’ennui est la maladie de Chateaubriand, il en vit et il en meurt ; mais cet ennui infini est son caractère et son génie, ôtez-le lui, il n’y a plus qu’un homme heureux ; mais il n’était pas fait pour le bonheur : il eût demandé avec larmes des larmes à Dieu ; oui, il eût pleuré pour obtenir la gloire des douleurs.

1462. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Louis XIV, si déclaré contre Port-Royal, ne s’y trompa point, et laissa Boileau manifester ouvertement son attachement au grand Arnauld ; Racine se demandait comment son ami prenait impunément des libertés que lui-même n’eût pu hasarder sans se perdre : c’est que le roi savait bien que Despréaux, quoi qu’il put dire ou faire, n’était pas de la secte. […] En 1698, il reçut un jeune avocat de vingt-sept ans, Brossette, son admirateur passionné, qui lui demanda son amitié, et lui soumit le projet qu’il avait fait de commenter toute son œuvre pour l’utilité de la postérité : ce fut le commencement de leurs relations et de leur correspondance. […] Pour comble, on lui attribua un méchant libelle, Boileau aux prises avec les jésuites, et le père Tellier, qui avait succédé au doux père La Chaise, fît demander au poète un désaveu public des attaques qu’on lui attribuait contre la Société. […] Cette curiosité et cet enthousiasme le chatouillaient agréablement ; il ne se lassait pas de répondre aux questions ; il demandait que le commentaire fût « une imperceptible apologie ».

1463. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Mais ce point particulier demandait une délicatesse de critique au-dessus de son temps. […] Il a une si haute idée de la poésie, qu’il va jusqu’à demander l’institution d’une sorte de juge des vers, d’un Quintilius Varus, investi de la censure publique, et qui ne délivrerait le droit d’imprimer qu’au « poëte qui auroit enduré sa lime. » L’enthousiasme le plus naïf éclate dans l’exhortation que Du Bellay adresse, en finissant, aux poëtes et aux doctes de la Brigade : « Là donc, François, s’écrie-t-il, marchez courageusement vers cette superbe cité romaine, et de ses despouilles ornez vos temples et vos autels. […] En même temps le chef de la Pléiade développait dans d’ingénieuses théories les principes de l’Illustration, Du Bellay s’était borné à demander « une forme de poésie plus exquise. » Ronsard, après avoir osé nommer les genres, en donnait la poétique. […] Seulement il demandait aux mots ce que les choses seules peuvent donner.

1464. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Quand on lui demanda de déclarer ce qu’il avait perdu : « Je n’avais rien, dit-il, je n’ai pu rien perdre. » On ne réussit pas à tirer de lui autre réponse, et il resta pauvre comme auparavant. […] Il la saluait, lui demandait de ses nouvelles, mais ne causait jamais avec elle, si ce n’est de choses insignifiantes. […] Elle ne lui demandait pas un regard : une pensée eût suffi. […] Il ne demanda pas son changement, l’évêque ne songea pas à le lui proposer.

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