Si vous m’aimiez, le bonheur serait pour vous, le plaisir pour moi. » Cette belle n’entend pas avoir affaire au désir ; elle le trouve vulgaire et grossier ; il faut qu’elle en prenne son parti pourtant : « Le désir, vous me l’avez donné, vous le savez, ma reine ! […] Elle ne comprend pas toute la puissance du désir qu’elle inspire ; elle ne le ressent pas : tout au plus elle daignera par moments faire semblant de le partager et de le ressentir. […] « Si vous n’aviez pas cette noblesse de goût qui vous rend si charmante, je n’aurais pas le désir de vous plaire. » Il est très-amoureux, pas assez pour faire des folies ni pour rien brusquer. […] ces heures sont encore des heures heureuses, et l’on ne se quitte point sans un vif désir de se retrouver. « J’ai toujours pensé, dit Michel, que les querelles étaient arrangées par la Providence pour les raccommodements. » Et puis, le lendemain de ces journées de bonheur, tout est changé tout d’un coup sans qu’on sache pourquoi. […] ne vous souvenez-vous pas avec quelque joie au cœur de ce doux moment qui a commencé nos rapports, de cette soudaine et délicieuse intelligence… Mais les femmes ne veulent croire qu’à l’amour parlé ; il faut leur chanter les désirs, il faut prêcher quand le cœur bat.
Instinct de prosélytisme, et désir de faire partager à autrui nos convictions ? […] Le jour où il exalte le désir, ce désir qui « fait languir le cœur », ce désir « qui quelquefois porte l’inquiétude à un tel point qu’elle fait crier avec Rachel : donnez-moi des enfants, donnez-moi ce que je désire, ou je vais mourir ! […] L’animal, en effet, éprouve seulement le désir d’écarter tout sentiment désagréable, tandis que l’homme, plus compliqué, ayant observé les effets de la mort sur ses semblables, ajoute au désir d’éloigner la douleur le désir de se conserver vivant. […] Enfin l’atome de Maupertuis est désir. De ce philosophe, l’homme de désir peut apprendre que chaque fibre de son corps, que chaque élément de chaque fibre, est désir.
Je le dis tout d’abord, ils sont peu agréables à lire, quoique très essentiels pour la connaissance intime et profonde de La Mennais, ils n’offrent à première vue rien qui flatte, rien qui réponde aux désirs de l’imagination. […] Je me sentirais, dans ces moments, un si grand désir de partager les travaux d’un si touchant apostolat ! […] Que de folie, que d’inanité, à leurs yeux, dans nos désirs, nos regrets, nos craintes, nos espérances, nos vaines joies et nos douleurs encore plus vaines ! […] Ce qui me plaît dans le parti pour lequel je m’étais décidé, c’est qu’il finirait tout, et qu’après l’avoir pris je ne vois pas quels sacrifices il resterait encore à faire : mais cela même n’est peut-être qu’une illusion et qu’un désir produit par un retour subtil de l’esprit de propriété et l’ennui de la souffrance. […] D’un autre côté, un désir constant, qui semble résister à tous les obstacles et triompher des répugnances naturelles les plus vives, n’offre-t-il pas un caractère de vocation digne au moins d’être examiné ?
Condition invisible et sacrée de ces mouvements, elle se révèle mystérieusement avec notre désir lorsqu’entre les images par nous comparées jaillit un nécessaire rapport. […] Et encore, du même Poète : J’entrevois d’immobiles chasses, Sous les fouets bleus des souvenirs, Et les chiens secrets des désirs, Passent le long des pistes lasses. […] Je me souviens de quelques vers où je montrais des cavaliers en un furieux galop ; mais j’indiquais bien vite qu’ils représentaient « les désirs » et j’obtenais des chants vraiment peu lyriques, tels que ceux-ci : Désirs, guerriers de fer à l’assaut du Bonheur et, plus loin : Lourds Désirs chevauchant l’Espoir vers la Douleur. […] Pauvre Âme, les vois-tu venir, Espoirs, Désirs et Souvenirs, Ces doux frères que te ramène Une amertume bue à la même fontaine ? […] la route est courue Des petits désirs et des lâches orgueils, Mon âme est forte et fut secourue Par des baisers de joie et des larmes de deuil … Vois, au ras du côteau, cette étoile apparue.