Tristan et Isolde sont encore là, les souffrants du désir mortel, dans Amfortas et dans Kundry ; mais voilà le libérateur, — le libérateur des désirs, — Parsifal. Les souffrances d’Amfortas, emplissent le premier acte ; et le second acte c’est la lutte de ces deux contraires, le désir et le renoncement ; puis, le triomphe, total et absolu, du Pur et Fol. […] le désir montant en l’âme, et qui surgit dans la paix du non-désir ; donc lutte, lutte plus terrible, et terrible lutte ; — l’Or ou Freia ? — et la sombre élection du désir, très fatal, qui damnera. […] Maintenant48, c’est une résignation à la nécessaire fin ; l’âme sachante de la nécessaire fin, erre désintéressement par les mondes, pour savoir, non pour agir ; et dans les cavernes où tâchent les désirs, dans les bois vastes où s’extasient les désirs, dans les champs admirables où pousse le haut désir, errante et contemplative, elle erre sous la mélancolie tranquille de l’Erdaaw enténébrée ; et, quand par le désir resurgi (par le désespoir, subitement conscient, de n’être plus) retraînée à l’action, l’âme est par l’action trahie, elle se retire, l’âme, dans le sombre de son condamnement… Walhall, burg splendide, burg maudit, adieu, voici, le crépuscule !
Mais en règle générale une certaine communauté de fins et de moyens, de besoins, de désirs et de modes d’action s’impose en économie. Et cette communauté relative s’oppose à l’extrême variabilité des sentiments, des croyances et des désirs, en art, en religion ou en morale. […] Le conflit est donc profond, en économie comme ailleurs, entre l’action individuelle et l’action collective, entre l’idée de solidarité et l’idée de liberté, entre le désir d’égalité et le désir de différenciation. […] La liberté est plutôt pour l’individu la possibilité de donner satisfaction à des désirs de plus en plus nombreux et de plus en plus variés, grâce à une organisation économique perfectionnée. […] Il reste donc, même dans cette conception supérieure de la vie économique, assez de causes d’antinomie entre le groupe et l’individu, entre le nous et le moi, entre la solidarité et la liberté, entre la sociabilité et l’égoïsme, entre le désir d’égalité et le désir de différenciation.
Vous le pouvez facilement ; et lorsqu’aucun des événements de la vie n’est précédé, ni suivi par de brûlants désirs, ni d’amers regrets, l’on trouve une part suffisante de félicité, dans ces jouissances isolées que le hasard dispense sans but. […] Si nos facultés, si nos désirs, qui naissent de nos facultés, étaient toujours d’accord avec notre destinée, à tous les âges, on pourrait goûter quelque bonheur ; mais un coup simultané ne porte pas également atteinte à nos facultés et à nos désirs. Le temps dégrade souvent notre destinée avant d’avoir affaibli nos facultés, affaiblit nos facultés avant d’avoir amorti nos désirs. L’activité de l’âme survit aux moyens de l’exercer ; les désirs, à la perte des biens dont ils inspirent le besoin.
Ce moi conçu et imaginé devient à son tour un centre de gravitation pour les désirs. Le désir, en effet, peut s’attacher à un objet soit parce qu’il est immédiatement agréable, soit parce qu’il devient un substitut symbolique d’agrément par son rapport à la satisfaction idéale du moi. L’école anglaise a excellemment montré comment le désir d’un objet comme tel (de l’or, par exemple) peut se substituer au désir des plaisirs qu’il donne122. […] L’idée-force du moi sert donc à rendre possibles des désirs éloignés en les rendant immédiats. […] Maintenant, pourquoi cette idée d’unité éveille-t-elle un désir d’unité ?