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817. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Je viens de goûter avec vous un des plaisirs les plus délicats qu’un esprit puisse recevoir d’un autre esprit. […] Leur intelligence a fonctionné comme un mécanisme d’acier, broyant tout dans ses délicats et implacables engrenages. […] Il est très délicat, et des docteurs fort compétents l’ont récemment traité avec une franchise courageuse qui aboutira quelque jour à d’efficaces résultats. […] Et cette élégance raffinée se continue dans les longues boucles en torsade qui retombent en avant, creusées de délicates lignes en hélice, d’une précision parfaite. […] Une draperie qui couvre l’épaule droite laisse à découvert le cou, la poitrine large et musculeuse, tout le corps jeune et souple, robuste et délicat.

818. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

La littérature est exigeante : elle réclame un zèle délicat. […] Barrès qui, autrefois, a formulé (avec quelle délicate maîtrise !) […] Poèmes délicats, frissonnants de brise matinale et colorés de fraîche lumière. […] Les sentiments sont délicats et mâles. […] Un Italien délicat, M. 

819. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Il n’eût pas tendu sa merveilleuse intelligence à l’inutile observation des ridicules de ses rivaux, ni déployé les savantes ressources de l’art le plus délicat à rédiger d’un mot inoubliable cette observation. […] … » Il suffît encore, pour que cette rêverie indéterminée surgisse en nous, d’un mot rencontré dans un volume de mémoires ou de correspondance, — mot qui nous révèle toute une délicate et passionnée manière de sentir. […] Ces aventures touchantes ne sont un mystère pour personne ici ; mais il serait peu délicat de les imprimer. […] Leurs confrères vraiment avertis des plus délicats secrets de la composition, les connaisseurs scrupuleux qui sont capables d’apprécier la valeur d’une syllabe mise à sa place et les insuffisances d’une métaphore manquee. […] Taine, et il l’a prouvé, n’a qu’à vouloir pour colorer son style d’un éclat radieux ou sinistre, délicat ou violent.

820. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Naturellement fort délicat, il s’affina au commerce des auteurs anciens, qu’il affectionnait et, plus tard, comme il habitait Florence, sa sensibilité déjà si éveillée s’exaspéra, son goût des nuances se subtilisa. […] Par la langue claire et noble, Fernand Séverin s’apparente à Racine, par l’inspiration douce, à Lamartine, mais son talent dévoile toujours les secrètes pudeurs, innocemment gracie uses, d’une âme délicate et loyale. […] Et comment ne le subiraient-ils point eux, si frêles, si délicats, sans volonté, sans direction ; égarés, dirait-on, dans un monde imaginaire ; dont les sensations vagues se formulent mal, mais fuient spontanément de leur organisme débile ! […] Qualités et ridicules de la bourgeoisie belge y sont notés avec une indulgente ironie, un esprit du cru bruxellois le plus pur, moins mousseux sans doute que celui de Paris, mais délicat et savoureux. […] Jamais on ne parlera de van Lerberghe en termes aussi appropriés, aussi délicats, aussi suavement évocateurs, jamais on ne recréera, au moyen d’un art à ce point compréhensif et cajoleur, le pur enchantement d’une atmosphère quasi divine.

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