Saint-Marc Girardin, pour s’excuser de ne point paraître admirer le lyrique des modernes, nous répondrait encore par ces paroles de Voltaire, lesquelles s’accordent si bien avec celles de Fénelon : Le grand art, ce me semble, est de passer du familier à l’héroïque, et de descendre avec des nuances délicates. […] Il a écrit, à propos d’une comédie de Collé et de La Métromanie de Piron, des pages charmantes, délicates, que je prise bien plus comme témoignage vrai de son talent que d’autres plus saillantes et où il élève la voix.
Dans les choses tout à fait essentielles à l’État, si un accident imprévu cause une ruine, si une des poutres qui soutiennent l’édifice s’écroule, il vient un moment où le besoin absolu qui se fait sentir à tous peut amener une réparation ; mais dans l’ordre délicat, en ce qui touche les intérêts de l’esprit, les ruines une fois faites, par le temps qui court, ont grande chance de rester des ruines, et, quand la société a tant à lutter pour subvenir au strict nécessaire, il peut arriver que le jour de la réparation se fasse longtemps attendre pour le superflu. […] Et tout alentour, que de cercles délicats sans lesquels l’épreuve d’un bon ouvrage n’était pas complète !
Les organes du cerveau ou les parties du corps humain qui décident, en parlant physiquement, de l’esprit et des inclinations des hommes, sont sans comparaison plus composées et plus délicates que les os et les autres parties qui décident de leur stature et de leur force. […] Suivant le goût de sa nation, on se ruine ou bien à bâtir avec magnificence ou bien à lever des équipages somptueux, ou bien à tenir une table délicate, ou bien enfin à manger et à boire avec excès.
Les uns lui reprochent de n’entendre point leur métaphysique, et, quand il s’y aventure, d’en déconcerter le délicat agencement par ses mouvements lourds et mal appris. […] Il y trouvera l’énergie sans déclamation, l’élégance sans recherche, le sublime sans emphase et un art délicat qui sait se borner et dire en toute chose ce qu’il faut, et cela seulement.