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1102. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

et a dit sur l’amour les choses les plus pénétrantes. (« L’on veut faire tout le bonheur ou, si cela ne se peut ainsi, tout le malheur de ce qu’on aime. ») et les plus délicates (« Être avec les gens qu’on aime, cela suffit ; rêver, parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d’eux, tout est égal. ») — Il a senti et aimé la nature infiniment plus qu’il n’était ordinaire en son temps. […] D’ailleurs, un « vieil original », plein de tics délicats et de manies angéliques  qui dut peut-être à son mauvais estomac d’être un idéaliste irréprochable et inventif, un dilettante du bleu. […] Elles se sont mises à écrire à leur tour ; et la grâce la plus aisée, l’expérience la plus fine et la plus clémente, le spiritualisme le plus délicat ornent leurs récits ; et c’est en ajoutant au meilleur de ce qu’il passait pour représenter qu’elles gardent le nom dont elles sont dépositaires.

1103. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Parmi ceux-ci, les montres, ces petits chefs-d’œuvre de l’art industriel avec les délicates imaginations de leur riche décor, sont parmi les bibelots que j’aime le mieux. […] Et dire que ce sentiment fraternel qui la remplit, présenté d’une manière si délicate, si émotionnante, dire que ce moyen d’action sur les cœurs, cette chose absolument neuve au théâtre, et remplaçant le bête d’amour de toutes les pièces, aucun critique n’en a signalé l’originalité. […] Vendredi 9 mai Plus j’existe, plus j’acquiers la certitude que les hommes nerveux sont autrement délicats, autrement sensitifs, autrement frissonnants, au contact des choses et des êtres de qualité inférieure, que les femmes qui au fond n’ont que la pose de la délicatesse.

1104. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Sous leur tête mobile, un cou blanc, délicat, Se plie, et de la neige effacerait l’éclat. […] Il s’arrêta longtemps à contempler leurs jeux ; Puis, reprenant sa route et les suivant des yeux, Dit : Baisez, baisez-vous, colombes innocentes, Vos cœurs sont doux et purs, et vos voix caressantes ; Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat, Se plie, et de la neige effacerait l’éclat. » L’édition de 1833 (tome II, page 339) donne également cette épitaphe d’un amant ou d’un époux, que je reproduis, en y ajoutant les lignes de prose qui éclairent le dessein du poëte : Mes mânes à Clytie. — Adieu, Clytie, adieu.

1105. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Duvergier de Hauranne n’avait pas à un moindre degré la préoccupation littéraire, et son zèle spirituel s’attaquait, dans l’intervalle de ses voyages d’Italie et d’Irlande, à des points délicats de la controverse romantique. […] Le malheur a voulu qu’avec sa facilité de parler et son indolence d’écrire, il ait improvisé ses leçons les plus neuves, et qu’elles n’aient nulle part été fixées dans leur verve délicate et leur vivacité naissante.

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