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1835. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Lui, au contraire, il croit à la bonté de la nature, au progrès de l’humanité, à la vertu de l’action. […] Je crois bien qu’il est resté le seul. […] Car c’est une erreur de croire que tout le monde, à un certain moment de sa vie, ait été jeune. […] Et enfin, il ne faut pas croire que nous en voulions aux jeunes gens d’un excès de confiance en eux-mêmes. […] Je ne crois pas qu’il y ait de tableau qui soit plus évocateur de choses vues.

1836. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

« Madame, « J’ai lu dans le Keepsake des vers de vous que j’ai voulu croire adressés à l’auteur des Harmonies poétiques. […] Je ne mettrai de sa réponse que deux ou trois strophes dans lesquelles elle réclamait avec confusion contre le mot de gloire que lui avait jeté magnifiquement le grand poète : Mais dans ces chants que ma mémoire Et mon cœur s’apprennent tout bas, Doux à lire, plus doux à croire, Oh ! […] Nous sommes tous ainsi faits : les débutants croient en apprendre aux maîtres ; un touriste en sait plus que l’habitant du lieu ; passez-moi cette commune manie : elle fait tant de plaisir !  […] Je crois que madame votre mère était poëte jusque dans le moindre signe, jusque dans le moindre soin.

1837. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Plus votre esprit s’élève, plus vous avez honte d’avoir cru qu’il existait quelque sagacité dans ce qui n’était pas la morale, quelque grandeur dans les résolutions qui ne l’avaient pas pour objet, quelque stabilité dans les plans dont elle n’était pas le but. […] Tels on nous peint les grands hommes de l’antiquité, ils ennoblissaient, ils élevaient la nation qui voulait suivre leurs pas, et leurs contemporains croyaient à la vertu ; c’est à ces signes qu’on peut reconnaître un esprit transcendant ; et pour former cet esprit, il faut la plus imposante des réunions, les lumières et la morale. […] Vainement les goûts se modifient, les inclinations changent ainsi que le caractère ; il faut rester la même puisqu’on vous croit la même ; il faut tâcher d’avoir quelques succès nouveaux puisqu’on vous hait encore pour les succès passés ; il faut traîner cette chaîne des souvenirs de vos premières années, des jugements qu’on a portés sur vous, de l’existence enfin telle qu’on vous la suppose, telle qu’on croit que vous la voulez.

1838. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Avec les optimistes qu’on en est venu à plus de simplicité sinon de sincérité ; — ou avec les pessimistes que, dans l’impossibilité d’imposer gravement des théories auxquelles on ne croit pas à un public qui y croirait peu, on a dépouillé tout dogmatisme, le bon comme le mauvais, et suivant une distinction de mots que nous emprunterons, petite pédanterie, Pascal, on n’ose plus essayer de convaincre et l’on se contente d’agréer. […] Quant aux jeunes femmes, c’est autre chose ; elles se disent assidues des conférences : ne les croyez qu’à demi. […] Qu’au surplus, si les voiles obscurs délicats ou suggestifs dont nous croyons parées ces grâces du nord ne soient que les taches de la lunette où nous regardons, où les interférences de nos cils qui clignent, importe-t-il ?

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