» C’est là une phrase comme les anciens professeurs de rhétorique en écrivent, sans se soucier de ce qu’il y a dedans ou de ce qu’ils croient mettre dedans. […] Cuvillier-Fleury avait dit de Janin : « Il fut le Roi de la littérature facile », — laquelle, croyez-moi, n’est facile que pour ceux qui savent faire de cette littérature-là, et qui est très difficile pour les lourds qui se donnent les airs de la mépriser, — M. […] Cuvillier-Fleury, qui se croit dans sa spécialité quand il parle de la Critique en disant : le Roi de la Critique ! […] Et, de fait, ce jour-là, ce fut l’écrivain qui le maîtrisa, qui le déborda, qui l’emporta comme toujours, et ce ne fut pas, comme on l’a cru, la fatuité, — le turcaretisme de son bonheur. […] … Il ne fallait vraiment guère que cela à Jules Janin, et je crois même qu’il eût envoyé promener la culotte de soie noire.
L’auteur d’Un An dans le Sahel n’a pas l’antipathie moderne pour la guerre, et il croit à la haine implacable des races, nées ennemies, que toutes les civilisations de l’avenir seront impuissantes à empêcher. […] Or, l’une de ces convictions, et même la plus forte, doit être assurément de croire qu’il possède, lui, Maxime du Camp, l’expression plastique, et la couleur, et la technique de l’auteur d’Émaux et Camées, et qu’il joue avec la puissance de son maître avec tout ce style, difficile à manier, d’un Dictionnaire des Arts et Métiers qui fait le beau ! […] La description, déjà abusive chez Fromentin, qui est un peintre, est chez du Camp, qui se croit un poète, à l’état violent, furieux, insupportable : c’est un casse-tête de descriptions. […] Il n’a rien de niais dans sa forme, qui peut être fausse et même cruelle pour les esprits délicats et fins, mais qui, du moins, a de la décision et du relief ; mais, dans sa pensée, il tient à ces badauds actuels qui rêvent une humanité nouvelle, haïssent la guerre, médisent de la gloire, repoussent toute répression un peu forte, et croient que les peuples peuvent se passer de grands hommes et sont eux-mêmes assez grands pour se gouverner parfaitement tout seuls ! […] Ils n’ont pas, eux, besoin d’un titre pour cacher la valeur absente et qui y fait croire les imbécilles !
Avant d’examiner ce qu’on doit croire de cette antiquité, il faut avouer qu’elle ne paraît pas avoir profité beaucoup aux Égyptiens. […] Dans ce grand entrepôt du commerce de la Méditerranée et de l’Orient, un peuple si vaniteux16, avide de superstitions nouvelles, imbu du préjugé de son antiquité prodigieuse et des vastes conquêtes de ses rois, ignorant enfin que les autres nations païennes avaient pu, sans rien savoir l’une de l’autre, concevoir des idées uniformes sur les dieux et sur les héros, ce peuple, dis-je, ne put s’empêcher de croire que tous les dieux des navigateurs qui venaient commercer chez lui, étaient d’origine égyptienne. […] Enfermez un homme endormi dans un lieu très étroit, mais parfaitement obscur, l’horreur des ténèbres le lui fait croire certainement plus grand qu’il ne le trouvera en touchant les murs qui l’environnent. […] Josèphe17 a cru à ces observations antédiluviennes, et a prétendu qu’elles avaient été inscrites sur deux colonnes, l’une de marbre, l’autre de brique, qui devaient les préserver du déluge ou du l’embrasement du monde. […] Si nous en croyons ceux qui, aux applaudissements des savants, ont entrepris de nous faire connaître la succession des écoles de la philosophie barbare, Zoroastre fut le maître de Bérose et des Chaldéens, Bérose celui d’Hermès et des Égyptiens, Hermès celui d’Atlas et des Éthiopiens, Atlas celui d’Orphée, qui, de la Thrace, vint établir son école en Grèce.
Henri Rouger croit obstinément à la poésie. […] Il a cru entendre distinctement la voix indifférente de la nature… Mais voici que le cœur irrité du poète s’apaise, et qu’une vision soudaine de la vie universelle où s’entrecroise éternellement l’échange des souffles, des formes et des âmes, vient calmer son esprit, prêt désormais à accepter, à bénir presque l’inévitable loi qui enchaîne les effets et les causes… — Ce premier essai paraît annoncer un poète visionnaire et philosophe.