On le voit successivement d’ailleurs s’exercer dans tous les genres convenus ; il n’a pas la force ni l’idée de les renouveler et d’en créer d’autres. […] Je l’ignore, et il importe peu de le rechercher ; car, du caractère et de l’humeur qu’il était, une occasion manquant, il s’en serait créé une autre.
* * * Jour par jour, assister à la destruction de tout ce qui faisait la distinction de ce jeune homme — distingué entre tous — le voir saler son poisson à la salière, prendre sa fourchette à pleines mains, manger comme un pauvre enfant, c’est trop… Ce n’était donc pas assez que cette cervelle travailleuse ne pût plus produire, plus créer… que le néant l’habitât. […] * * * Créer un être comme celui-ci, si intelligent, si personnel, si original, et le briser à trente-neuf ans !
Cependant je viens de lire : « Elle agite ses petits bras de lézard et me dit »144 … ; alors je suis assuré qu’appeler lézard le bras est, aujourd’hui comme il y a des siècles, une idée qui peut entrer spontanément au cerveau par l’œil, car je connais l’auteur : il est de ceux qui tiennent à créer leurs images, et s’il a refait la métaphore latine elle-même, c’est qu’elle s’est imposée à lui, comme elle s’imposa jadis à un poète ou à un paysan romain. […] Mais le même conte ou le même mot ont pu être créés plusieurs fois et même simultanément ; pour les mots nous en avons la certitude par la coexistence des mêmes combinaisons d’images dans des langues très différentes ; pour les contes, cela est fort vraisemblable.
Vers celui dont le monde est l’émanation, Tout ce qu’il a créé n’est qu’aspiration. […] La patrie, l’humanité, le progrès, les révolutions, les idées sociales ont fourni à Lamartine bien des inspirations, et parmi les plus élevées : C’est la cendre des morts qui créa la patrie !