Enfin l’humanisme crée comme forcément une littérature impersonnelle, ou apparemment impersonnelle. […] C’est ainsi qu’il a créé pour un siècle environ la vraie langue poétique française, et qu’il a, phénomène curieux et unique, créé pour plus d’un siècle, pour Racine, pour Boileau, pour J. […] Ce n’est pas le protestantisme qui crée puritain, c’est le puritain qui crée le protestantisme. […] Pour le créer il fallait d’abord des mots nouveaux. […] C’est le style classique qui commence à se former avec elle. — Car de ses deux tentatives parallèles, l’une qui était de créer une langue poétique, l’autre qui était de créer un style poétique, la première a échoué, mais la seconde a fort bien réussi.
Il s’agit de savoir si les espèces ont été créées sur un seul point de la surface de la terre ou sur plusieurs à la fois. […] L’influence si considérable et si frappante des barrières naturelles de toute nature sur la distribution géographique des êtres organisés ne peut se comprendre que dans le cas où la majorité des espèces auraient été créées seulement d’un côté de ces obstacles, et incapables d’émigrer de l’autre côté. […] — Les remarques précédentes sur les « centres de créations uniques ou multiples » ne tranchent pas complétement une autre question : à savoir, si tous les individus de la même espèce descendent d’un seul couple, ou d’un seul hermaphrodite, ou, comme quelques auteurs le supposent, d’un certain nombre d’individus simultanément créés. […] Ce sont de tels faits qui, dès l’année 1747, amenèrent Gmelin à conclure que les mêmes espèces devaient avoir été créées à la fois en plusieurs points distants du globe ; et peut-être qu’il nous eût fallu nous en tenir à cette hypothèse, si M. […] On ne peut dire qu’ils aient été créés semblables en raison de la ressemblance des conditions physiques des deux régions ; car, si l’on compare, par exemple, certaines contrées de l’Amérique du Sud avec les continents méridionaux de l’Ancien Monde, l’on voit des contrées absolument semblables en toutes leurs conditions physiques, mais dont les habitants sont cependant entièrement différents.
Mais avoir su se créer une place du vivant même de ce géant, Victor Hugo, avoir été si mal payé de ses efforts vers le mieux, avoir si singulièrement préparé sa gloire, avoir recueilli tant de dédain, tant de haussements d’épaules, me font considérer Charles Baudelaire comme le type du poète mort que je dois le plus vénérer. […] Mais enfin il y a ces questions si complexes, si indéfinissables, de direction intellectuelle, de parenté psychique, de cousinage d’esprit, de tendance cérébrale, de tempérament enfin… Or, en ce qui me concerne, mon admiration « cordiale », ma reconnaissance intellectuelle, mon affection « d’âme » vont tout droit à celui qui, en poésie, a créé la Musique, l’Harmonie, et qui a su si bien Aimer ! […] Le monde d’images qu’il a créées donne le plus complet exemple de la force du génie appliqué à l’expression intégrale de soi-même. […] — Si le plus grand poète d’un siècle est son plus grand écrivain en vers, celui qui a su enrichir des plus savants procédés l’art poétique de son pays, et créé pour lui-même, comme pour ceux qui viennent après, un clavier nouveau où ne manque aucune touche ; si c’est le virtuose génial, qui a réussi à tirer des mots les plus diverses harmonies, nul plus que Hugo ne semble avoir droit à cette gloire unique. […] — J’aime entre tous, le poète Stéphane Mallarmé parce que, méprisant tout ce qu’il se prouva facile en des poèmes tels que « Les Fenêtres » et « Apparition », il rêva de créer une symphonie poétique aussi définitive et magique que celle exécutée par Richard Wagner, en musique.
Cet instinct est si accusé et si particulier, que Magnan le déclare un stigmate de dégénérescence et a créé pour lui le nom « d’oniomanie », ou folie d’acheter. […] Par suite de la ressemblance, les images gardées ou souvenirs de tous les groupes auxquels est commune la qualité qui crée leur ressemblance, pourront en conséquence être éveillés. […] Ces sentiments réunis amènent la disposition d’esprit que l’éveil du printemps crée dans l’âme, et c’est justement le but que se proposait le poète. […] Le graphomane Charles Morice, du style détraqué et biscornu duquel cette citation donne une juste idée, admet que Mallarmé créera peut-être pourtant encore son « œuvre d’art inouïe ». […] Mallarmé un homme que l’on vénère comme un grand poète, quoiqu’il soit « né malheureusement sans mains », quoiqu’il ne crée pas, quoiqu’il m’exerce pas son soi-disant art.