Quand il mourut en Flandre (novembre 1704), « il fit plaisir à tous les siens ; il était blasé, hébété depuis plusieurs années de vin et d’eau-de-vie », et on le tenait hiver comme été à la frontière, avec défense d’approcher ni de sa femme ni de la Cour. […] Par ses saillies railleuses, par ses vivacités d’esprit et de cœur, par sa liaison avec le duc de Villeroi, Mme de Caylus mérita d’être exilée de la Cour à l’âge de dix-neuf ans. […] Mais ce Père était soupçonné de jansénisme, et Mme de Maintenon, dans son sens strict et toujours tourné à la considération utile, eût mieux aimé sa nièce sans directeur qu’avec celui-là qui était suspect en Cour. […] Mme de Caylus resta à Versailles jusqu’à la mort de Louis XIV (1715) ; mise de côté alors comme une personne de la vieille Cour, elle revint demeurer à Paris, dans une petite maison qui faisait partie des jardins du Luxembourg. […] Toute cette suite où elle nous montre l’escadron des filles d’honneur de la Dauphine, et en général la file des dames de la Cour, ressemble à une galerie d’Hamilton : même date, même finesse de pinceau, même causticité délicate et par instants cruelle.
Ces nouvelles venues, qu’il se hasarde à introduire en Cour de France à deux ou trois reprises, et que tant de malicieux brocards attendaient d’abord, ne lui firent pas de déshonneur, bien qu’elles lui aient causé parfois de l’embarras. […] Cette réplique fit un bruit terrible à la Cour, et chacun prit parti pour ou contre. […] L’ardeur serait un grand inconvénient dans cette cour-ci, dont le système me paraît être d’attendre et voir venir, et même de tendre des panneaux pour se mettre en avantage le plus qu’ils peuvent. […] Et il a ajouté en note : Voir la correspondance du duc de Nivernais, qui, à la Cour, passait pour trop savant, 1763. […] Il y apporta mieux que le zèle et l’adresse de l’homme de cour, il y mit (pour me servir d’un mot qu’il employait déjà volontiers) la chaleur d’un citoyen.
« Ne croyez pas que monsieur l’exécuteur des hautes œuvres ait la permission de jeter au feu les livres dont les titres figurent dans l’arrêt de la Cour. […] Il a heurté de front et sans aucun ménagement la cour de Rome ». […] Nous riions des graves alarmes de la vieille cour et du clergé qui tonnaient contre cet esprit d’innovation. […] Les courtisans, serviteurs de la mode, venaient faire la cour à Marmontel, à d’Alembert, à Raynal. […] Lettre de Mme du Deffand à Mme de Choiseul (citée par Geffroy, Gustave III et la cour de France, I, 279).
À ce moment de l’histoire, il se passait à la cour de France ce qui s’est passé autrefois à la cour de Russie. — Il y avait la vieille cour austère, solennelle, dévouée aux vieux usages, à la vie correcte et réglée ; il y avait la jeune cour, folle, amoureuse, prodigue, avide de mouvement et de plaisirs. […] Est-ce à la cour ? […] Et si Sa Majesté ne rit pas, soudain toute cette cour silencieuse et qui vous condamne sans pitié ! […] Quant au personnage de Célimène, ne demandez pas s’il appartient à la cour ou à la ville ; il est moitié l’un, moitié l’autre. […] Toute la cour se rend chez elle, il est vrai, mais je doute fort qu’elle ait un tabouret chez madame la duchesse de Bourgogne.