L’autre morceau nous offre le spectacle sublime du soleil se jouant dans les tropiques, à travers les nuages qu’il colore de la manière la plus variée et la plus riche… Vous jugez avec quel intérêt j’ai dû lire un morceau où vous enseignez si bien l’art de nuancer les couleurs. […] Là-dessus, je sais bien qu’il en est des « mœurs mondaines » comme de la « couleur locale ». […] Disons mieux encore : il les sollicite ou il les provoque ; et tandis que les couleurs ou les formes limitent, pour ainsi parler, la liberté du rêve, en en dessinant les contours avec quelque précision, les odeurs au contraire l’émancipent, la favorisent, et l’exaltent. […] Voulant rendre et fixer des nuances plus fugitives ou plus particulières, les couleurs qu’ils emploient ont quelque chose aussi de plus conventionnel, ou de plus spiritualisé. […] dans une famille où tout le monde est blond, s’il vient à naître un enfant très brun, la couleur de sa peau sera déterminée, en tant qu’elle en diffère, par la couleur de celle de ses générateurs et de ses ascendants.
Mais si c’est là une donnée abstraite, comme elle est recouverte de couleurs brillantes, comme elle est bien cachée sous le sang et la chair ! […] Voilà la scène et la couleur générale du drame ; toute la poésie du Nord y est répandue. […] Ses belles joues de chérubin bouffon, lisses, roses, rebondies, auraient tenté le pinceau de Rubens par l’éclat de leur chair et l’incarnat de leur couleur. […] Maintenant le papillon qui vous avait diverti par ses couleurs bizarres est mort, et il n’en reste plus qu’un ver méprisable à côté duquel vous passez en vous détournant.” […] Sur ce fond clair et brillant, un peu uniforme, une image se détache quelquefois comme un accident de couleur.
Les événements n’apparaissent pas nus dans ces cerveaux passionnés, sous la sèche étiquette d’un mot exact ; chacun d’eux y entre avec son cortége de sons, de formes et de couleurs ; c’est presque une vision qu’il y suscite, une vision complète, avec toutes les émotions qui l’accompagnent, avec la joie, la fureur, l’exaltation qui la soutiennent. […] Une couleur en attire une autre, d’un son il passe à un autre son ; son imagination est une enfilade de tableaux qui se suivent sans s’expliquer. […] Il accouple violemment les mots par des alliances imprévues et extravagantes ; il entasse les couleurs ; il atteint le galimatias extraordinaire et inintelligible des derniers scaldes.
On voyait qu’il y avait, non pas effort, mais attention continue dans les nerfs et dans les muscles qui formaient l’encadrement des regards ; bien que cette attention intérieure et tournée en dedans produisît involontairement une certaine tension des paupières qui rétrécissait le globe de l’œil, la couleur bleu de mer, de ce liquide qu’aucune ombre ne tachait, et la franchise amicale de son coup d’œil qui ne cherchait jamais à pénétrer dans le regard d’autrui, mais qui s’étalait jusqu’au fond de l’âme chez lui, inspirait à l’instant confiance absolue dans cet homme. […] Son aile était ployée, et sa faible couleur De la brume des soirs imitait la pâleur. […] Parmi les hommes qui m’ont écouté, les uns ont applaudi la composition des trois drames suspendus à un même principe, comme trois tableaux à un même support ; les autres ont approuvé la manière dont se nouent les arguments aux preuves, les règles aux exemples, les corollaires aux propositions ; quelques-uns se sont attachés particulièrement à considérer les pages où se pressent les idées laconiques, serrées comme les combattants d’une épaisse phalange ; d’autres ont souri à la vue des couleurs chatoyantes ou sombres du style ; mais les cœurs ont-ils été attendris ?