Les nuances prévalaient sur les couleurs. […] Cette rivière, qui, par la couleur de ses eaux, est d’un vert de mer profond, a sa source dans la Bénaque ou lac de Garda. […] Les anciens grammairiens, chez qui on serait tenté de chercher une biographie positive du poète, y ont mêlé trop d’inepties et de fables ; mais, de quelques traits pourtant qu’ils nous ont transmis et qui s’accordent bien avec le ton de l’âme et la couleur du talent, résulte assez naturellement pour nous un Virgile timide, modeste, rougissant, comparé à une vierge, parce qu’il se troublait aisément, s’embarrassait tout d’abord, et ne se développait qu’avec lenteur ; charmant et du plus doux commerce quand il s’était rassuré ; lecteur exquis (comme Racine), surtout pour les vers, avec des insinuations et des nuances dans la voix ; un vrai dupeur d’oreilles quand il récitait d’autres vers que les siens.
Hésiode nous a laissé quelques-uns de leurs noms, qui reflétaient la couleur ou qui exprimaient la qualité de leurs flots. […] Lucrèce, trois siècles après, ne peindra pas sous des couleurs plus lugubres, l’enfance infirme du genre humain. […] Quelques-unes de ses épithètes, « le Blanc », « le Brillant », — λευϰος, — gardent trace de ses couleurs primitives.
En quoi est-il besoin de concevoir « une distance particulière » entre deux taches de couleurs diverses pour les percevoir en dehors l’une de l’autre, tout au moins différentes l’une de l’autre ? […] D’ailleurs, toute couleur n’est perceptible que comme étendue, comme juxtaposition de parties colorées. […] La douleur nous excite à la fuir, voilà un fait ou une loi ; nous nous représentons le temps avec une seule dimension, l’espace avec trois, la couleur, les sons, les odeurs avec une intensité quelconque, etc. ; voilà d’autres faits ou lois d’expérience, qui se trouvent être les lois de l’expérience elle-même telle qu’elle est toujours, conséquemment les plus générales des lois.
Parmi les historiens des choses du théâtre, il y en a qui sont des fanatiques, ceux-là veulent tout voir et tout savoir ; ils courent après l’anecdote, et même ils recherchent la plus intime ; ils s’inquiètent de la couleur d’un manteau, de la façon d’un pourpoint ; ils fréquentent le carrefour, la coulisse et le foyer du théâtre ; ils en savent les passions et les vices, ils en savent l’argot… Nous ne sommes pas de ces fanatiques, et cela nous paraîtrait malséant de descendre à ces détails de nouvelles à la main. […] À la ville, les Sannions se divisent en deux branches : la branche aînée et la branche cadette ; ils ont avec les Bourbons, sur une même couleur, le même métal. […] Comédienne dans son moindre geste, dans son sourire, dans le pli de sa robe, dans la forme et dans la couleur de ses habits, dans le son de sa voix, cette voix touchante et ingénue, douce musique qui allait à l’âme, raillerie, innocence, bel esprit, moquerie pleine de verve, causerie sans fin, gracieuse façon de tout dire, profond sentiment, non seulement des ridicules humains, mais encore des misères humaines ; sa comédie avait quelque chose de grave et d’ingénu tout à la fois, quelque chose de sérieux et de jeune en même temps auquel il eût été bien difficile de résister.