On brûlait les corps pour sauver les âmes. […] En ces corps solidement charpentés et vêtus de fer, les poètes ont logé des âmes énergiques, violentes, poussant le courage jusqu’à des proportions surhumaines. […] Il coupe avec son épée ceux qui le gênent ; puis, il dit à ses compagnons : Passez-moi le reste autour du corps et attachez-moi à mon cheval. — Ainsi équipé, le mourant se rue au milieu des Sarrasins et en fait un carnage épouvantable ; après quoi, se confessant avant de rendre le dernier soupir, il a un remords, bien inattendu. […] Quant aux passions, qui tiennent trop du corps, elles sont condamnées comme des causes d’erreur et d’achoppement : ce sont elles qui empêchent l’homme d’aller droit au vrai et au bien.
Après six ans de jeunes inouïs, de macérations affreuses, de méditations à faire éclater le crâne, après s’être assis, les jambes croisées, contre un arbre, en s’écriant : « Qu’ici mon corps se dessèche, que ma peau, ma chair et mes os se dissolvent, si, avant d’avoir obtenu l’intelligence suprême, je soulève mon corps de cette herbe où je l’assieds », Sidhârta se redresse un matin, en frappant d’une main la terre que sa parole va conquérir. […] — Le jour présent a disparu dans les abîmes profonds du néant. — C’était la fragile image d’un songe : il ne cause pas le plus léger trouble. » La Grèce connut peu la mélancolie ; une éducation héroïque, admirablement impartiale entre la culture du corps et de l’âme, y détruisait en germe ses premiers symptômes. […] les corps au sein de la terre, leur souvenir au sein des âges !
Le vibrion est un corpuscule indécis entre l’animal et la plante ; sa fonction est de dissoudre les parties restées saines des corps corrompus. […] Mettez un nom sur mistress Clarkson, un nom qui la précise, qui lui fasse prendre le corps de l’actualité, et le faux de la situation saute aux yeux. […] La duchesse se fait gloire de l’adultère consommé dans son coeur, sinon sur son corps ; elle repousse toute réconciliation et toute trêve. […] Elle se débraille l’âme et le corps, elle crache sur sa pudeur des mots salissants.
Il nous dit : La nature est un tout vivant, à la fois âme et corps, orbe immense de fusion et d’harmonie. […] Il veut des corps vigoureux et souples, des cerveaux nourris de science réelle, des natures puissantes et libres, transfigurées, comme il le dit lui-même, « dans cette lumière héroïque que le bonhomme Luther a nommée noblement la Joie ». […] La farine dans le quartaut ; le lait dans la terrine ; la chanson dans la rue ; les nouvelles du bateau ; l’éclair de l’œil ; la forme et la démarche du corps — montrez-moi l’ultime raison de ces choses, montrez-moi la présence sublime de la cause spirituelle se cachant, comme elle se cache toujours, dans ces alentours et ces extrémités de la nature ; que je voie chaque bagatelle se hérisser de la polarité qui la range instantanément sous une loi éternelle ; l’échoppe, la charrue et le registre rapportés à cette même cause par laquelle la lumière ondule et les poètes chantent : — et le monde ne reste pas plus longtemps un mélange grossier et une chambre de débarras, mais possède la forme et l’ordre ; il n’y a pas de bagatelle ; il n’y a pas d’énigme, mais un seul dessin unit et anime le sommet le plus lointain et le fossé le plus profond41 ». […] Elle nous disait : L’âme seule dans l’homme est pure, est divine ; le corps est un « sac de fumier » ; le monde est un exil dans le crime et la douleur ; « dans la fleur se cache le démon » ; le ciel est le seul réel séjour de lumière et de beauté.