Un homme ayant dit de mon temps : Je crois cela comme article de foi, tout le monde se mit à rire… Il y a un comité pour considérer l’état de la religion, mais cela est regardé comme ridicule. » Cinquante ans plus tard, l’esprit public s’est retourné ; « tous ceux qui ont sur leur tête un bon toit et sur leur dos un bon habit492 » ont vu la portée des nouvelles doctrines. […] L’impiété leur semble une indiscrétion ; ils considèrent la religion comme le ciment de l’ordre public. […] Sans doute, on y babille ; mais, au plus fort des caquets, qu’un homme de poids avance un propos grave ou agite une question sérieuse, l’attention commence à se fixer à ce nouvel objet ; hommes, femmes, vieillards, jeunes gens, tous se prêtent à le considérer sous toutes les faces, et l’on est étonné du bon sens et de la raison qui sortent comme à l’envi de ces têtes folâtres ». — À dire vrai, dans cette fête permanente que cette brillante société se donne à elle-même, la philosophie est la pièce principale.
XXIII Mais à considérer la chose, même philosophiquement, cette égalité des partages change d’aspect, selon qu’on se place à l’un de ces trois points de vue très différents : L’individu, La famille, L’État. […] XXIV Si l’on considère au contraire les lois relatives au partage de l’héritage du point de vue de la famille, au lieu de le considérer du point de l’individu, la question change de face, et la concentration de la plus grande partie des biens dans la main des premiers nés, ainsi que la permanence d’une partie des biens dans la même famille sous le nom de majorat, qui n’est qu’un second droit d’aînesse, deviennent le droit commun dans tous les pays où la monarchie se perpétue et s’affermit elle-même par des institutions plus ou moins aristocratiques.
À leur tribunal, mon crime, c’est ma foi ; ce sera ma justification devant mon souverain juge. » « Ses filles, ses officiers, tous ses gens étaient navrés et la considéraient en silence. […] « Quand elle fut parée, elle passa devant l’un de ses deux grands miroirs incrustés de nacre, et sembla se considérer avec commisération. […] Arrivée à la salle de l’exécution, elle considéra, non sans pâleur, mais sans défaillance, les apprêts du supplice, partout le deuil : le billot, la hache, le bourreau et son aide ; la sciure de chêne répandue sur le parquet pour boire son sang ; et, dans un coin obscur, la bière, sa dernière prison.
Fontenelle, dans la Vie de Pierre Corneille, son oncle, a dit : « Pour juger de la beauté d’un ouvrage, il suffit de le considérer en lui-même ; mais pour juger du mérite d’un auteur, il faut le comparer à son siècle. » Il aurait dû ajouter : Et à ses devanciers. […] Mais si l’on considère ses ouvrages en eux-mêmes, et qu’on les compare à l’idéal du poème dramatique, tout en ne mettant aucun nom au-dessus du nom de Corneille, on peut croire qu’il existe des ouvrages plus parfaits que les siens. […] La Bruyère, qui l’a bien senti, ajoute à l’excellent portrait qu’il en a tracé : « Corneille élève, étonne, maîtrise. » Quand Descartes définit l’admiration « une subite surprise de l’âme qui fait qu’elle se porte à considérer avec attention les objets qui lui semblent rares et extraordinaires34 », ne semble-t-il pas définir l’impression que nous recevons, soit de la représentation, soit de la lecture des pièces de Corneille ?