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1810. (1881) Le roman expérimental

« Quand nous raisonnons sur nos propres actes, nous avons un guide certain, parce que nous avons conscience de ce que nous pensons et de ce que nous sentons. […] Nous ne la sentons pas en nous, nous n’en avons pas conscience comme quand il s’agit de nous-mêmes ; nous sommes donc obligés de l’interpréter, de la supposer d’après les mouvements que nous voyons et les paroles que nous entendons. […] Ce qui me préoccupe, moi, c’est de savoir quels effets vont sortir de son amour furieux, quels ravages cet amour exercera sur sa conscience, et si l’innocent Hippolyte périra… L’artiste n’est pas un savant qui cherche les causes ; sa tâche à lui est de peindre les effets, de faire jaillir de son œuvre l’émotion, douce ou terrible… » Alors, monsieur, tenons-nous en aux romans de Ponson du Terrail. […] C’est un esprit très cultivé, sachant bien une foule de choses, écrivant des articles politiques remarqués, mettant même d’ordinaire du bon sens et de la conscience dans ses études littéraires.

1811. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

À mesure que la droite visible remonte, cette série d’identités se déroule plus ou moins nettement dans l’esprit ; un anneau de la chaîne en tire un autre ; nous avons vaguement conscience qu’au commencement, à la fin et à tous les moments intermédiaires de l’opération, la droite ascendante non seulement demeure intacte, mais demeure toujours la mesure de la distance qu’elle établit entre les verticales qu’elle trace par ses deux extrémités ; que non seulement elle reste invariablement la même, mais qu’elle fait invariablement le même office.

1812. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Comment veut-il, toutefois, nous persuader qu’il a examiné en conscience, qu’il a scruté et contrôlé les faits d’il y a dix-huit cents ans, qui concernent la biographie de Jean, Pierre ou Paul, ou même de Jésus, et que la créance qu’il y attache a quelque valeur, quand on le voit se méprendre si grossièrement sur une biographie d’hier, là où il lui suffisait d’interroger le premier témoin à sa portée ?

1813. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Alors nous nous attachâmes à réformer le clergé, & j’osai prétendre qu’un ministre de la feuille ne pourroit mieux faire pour le repos de sa conscience & de sa santé, que de ne jamais donner d’audience aux ecclésiastiques qui convoitent des bénéfices, premiérement parce qu’il est contraire aux canons de les solliciter, ou de les faire solliciter ; fecondement parce qu’il n’y a rien de plus facile que de savoir des évêques mêmes quels sont les bons prêtres qu’on doit pourvoir. […] pour subsister ; de sorte qu’un journaliste qui agiroit de même, seroit un malhonnête homme, & qu’il n’y a point de casuiste qui ne l’obligeât à dédommager l’auteur, car tout journaliste exerce un ministere public, & il ne lui est permis ni en conscience, ni en honneur, d’écouter le ressentiment ou la prévention, quand il s’agit de juger un ouvrage.

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