Ces protestants, quand nous voyons leurs temples qui nous glacent et leurs prêches, toujours sur la morale, nous semblent des esprits calmes et modérés, raisonneurs au point qu’à les comparer avec les héros catholiques dont nous avons décrit les états de conscience violents et l’ivresse joyeuse, nous songions d’abord à parler de leur philosophie plutôt que de leur religion ; mais apprenons à mieux les connaître par l’amitié et l’admiration que nous inspirent de tels actes et de tels cris sublimes.
Mais la liberté, qui permet bien des erreurs et bien des abus, a du moins ce salutaire effet de ne point les laisser en repos, de les inquiéter sans cesse par la contradiction et le blâme, de soulever au besoin contre eux la conscience humaine, et, tôt ou tard, de corriger la loi par l’instinct moral.
La conscience est une commodité : c’est un prétexte que nous nous sommes créé pour ne pas recourir à notre raison. […] Gosse, c’était un païen, n’admettant d’autre guide que sa conscience personnelle. […] La simplicité, le calme, la clarté et la précision des lignes, la conscience littéraire, tout cela n’est encore pour moi qu’un lointain idéal. […] Richepin et du chansonnier Bruant et tout en admirant la bonne foi et la conscience de M. […] Un sourd travail s’accomplit en nous sans interruption : c’est le génie de notre race qui reprend conscience de lui-même ».
Chez Sophocle, chez Phidias, qui sont plus réfléchis et au service de qui l’art met des formes plus particulières et plus analytiques, l’union du réel et de l’idéal n’est plus une fusion dont leur génie n’aurait qu’à peine une obscure et vague conscience. […] Il a les mêmes scrupules, dans ses descriptions de costumes, de festins, d’entreprises ; il les allonge avec conscience sans voir que la sécheresse des détails y naît fatalement de leur abondance. […] « L’amour est trop jeune pour avoir une idée de la conscience », dit Shakspeare. […] Ces naturalistes n’ont aucun des scrupules du goût, cette conscience littéraire. […] Ce qui s’est douloureusement éveillé en lui, c’est la conscience subite de son indignité, de sa déchéance, de sa souillure.