Lorsque l’espoir de faire une découverte qui peut illustrer, ou de publier un ouvrage qui doit mériter l’approbation générale, est l’objet de nos efforts, c’est dans le traité des passions qu’il faut placer l’histoire de l’influence d’un tel penchant sur le bonheur ; mais il y a dans le simple plaisir de penser, d’enrichir ses méditations par la connaissance des idées des autres, une sorte de satisfaction intime qui tient à la fois au besoin d’agir et de se perfectionner ; sentiments naturels à l’homme et qui ne l’astreignent à aucune dépendance. […] Cependant il est certain que l’étude de l’histoire, la connaissance de tous les malheurs qui ont été éprouvés avant nous, livre l’âme à des contemplations philosophiques, dont la mélancolie est plus facile à supporter que le tourment de ses propres peines.
Mais, ni par l’érudition, ni par le sens historique, ni par le don si rare de connaissance, d’expertise littéraire, ni par le prix de son style, il ne fut un grand critique. […] : 1º Les imaginatifs, à la façon de Cazotte ou de Coster, ou les fantaisistes, comme Bret Hart, — et vous ne songez pas à relever de leur genre, non plus que de celui des sentimentaux moutonneux ; 2º Les érotiques, de Beroalde de Verville à Crébillon ; mais ceux-là ont une connaissance du vice et de la volupté, aussi une verve ou une grâce en leur parler, — dont les passages mêmes où vos fillettes, à table, enfourchent les cuisses de leurs voisins, ne donnent qu’une maigre illusion ; 3º Les réalistes, la lignée de Le Sage, ceux qui nous documentent sur un temps et sur une société ; et pour cela il faut une acuité de vision, une audace de dire, une pénétration psychologique, que je suis confus de ne pas vous reconnaître.
Il a compris le mot profond et définitif de Bossuet : « Malheur à la connaissance stérile qui ne se tourne pas à aimer ! […] le premier degré où doit viser la connaissance humaine, un échelon tout au plus au-dessus duquel il faut gravir pour vous conformer à ces lois éternelles entrevues par Platon, fixées par une théodicée plus sublime, et qui sollicitent l’essor de notre intelligence vers un idéal qui n’est pas de ce monde.
D’ailleurs la science des étymologies est encore bien récente : espérons que la connaissance des langues orientales, qui commence à se répandre en Europe, nous fournira, par la suite, d’autres données. […] William Jones ; mais il faudrait toute l’érudition et toute la variété de connaissances qui distinguent ces savants hommes pour exposer leurs idées, dont la discussion n’est point, au reste, rigoureusement nécessaire dans cet écrit. […] Cet illustre auteur, dans ses Recherches philosophiques sur les premiers objets de nos connaissances morales, qu’il vient de publier, a fortifié par de nouvelles preuves, par de nouveaux raisonnements, par la discussion des systèmes opposés, la théorie du don primitif de la parole. […] Il est bon de remarquer que l’École normale dont nous parlons avait été instituée par la Convention nationale ; que les professeurs qui y furent appelés étaient tous des hommes dont les noms ou étaient déjà célèbres, ou ont acquis depuis une très grande célébrité dans les différentes branches des connaissances humaines ; que les élèves eux-mêmes, qui suivaient les cours, sont aussi devenus célèbres comme leurs maîtres ; et que cette école, née dans les jours les plus néfastes, a imprimé néanmoins, dès le moment de sa naissance, un grand mouvement aux esprits. […] Ces langues sacrées n’ont été livrées à la multitude que lorsqu’elles ont été parfaites : encore les inventeurs se sont-ils réservé la connaissance intime de leurs hautes théories.