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543. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

C’est l’opposition en apparence irréductible de ces termes qui a conduit les philosophes à supposer deux facultés différentes. […] Renan est conduit à reconnaître l’existence d’un je ne sais quoi dans la nature et dans l’homme. […] La philosophie positive obéit, comme toute philosophie, à cette tendance qui nous fait chercher en toute chose le général, et qui, de généralités en généralités, nous conduit à la plus haute généralité possible. […] Vacherot que l’existence du parfait n’est pas, comme l’existence de l’infini, une vérité évidente par elle-même ; mais nous pensons que l’analyse et le raisonnement y conduisent nécessairement. […] Vacherot est le vrai représentant parmi nous, se crée de bien plus grandes difficultés en admettant que le monde se développe, non au hasard, mais suivant une loi interne et par un progrès latent qui le conduit par degrés continus du moins parfait au plus parfait.

544. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Cela explique comment un coloriste peut être paradoxal dans sa manière d’exprimer la couleur, et comment l’étude de la nature conduit souvent à un résultat tout différent de la nature. […] Eugène Delacroix Le romantisme et la couleur me conduisent droit à Eugène Delacroix. […] « Le Dante et Virgile, conduits par Caron, traversent le fleuve infernal et fendent avec peine la foule qui se presse autour de la barque pour y pénétrer. […] Le goût exclusif du simple conduit l’artiste nigaud à l’imitation du même type. […] Le doute a conduit certains artistes à implorer le secours de tous les autres arts.

545. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Le lendemain, dès l’aube du jour, je donnai ordre d’atteler ma calèche, mais il ne voulut pas me laisser partir sans m’avoir fait déjeuner à l’anglaise, et me conduisit dans son cabinet. […] — Je vais, si vous voulez, vous conduire dans mon isba 20, me dit le forestier d’un ton brusque. […] Le forestier conduisit mon cheval jusqu’au perron, et frappa à la porte. […] Le forestier rentra et s’assit sur le banc. — L’orage se calme, — me dit-il après un instant de silence. — Si vous le désirez, je vais vous conduire hors du bois. […] Lorsque nous l’eûmes atteinte, Birouk laissa le cheval au milieu de la cour, conduisit le paysan dans l’isba, relâcha le nœud du kouchak qui lui retenait les mains, et le fit asseoir dans un coin.

546. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Car ils ont la secrète intuition que l’on n’est jamais maître de l’idée, que nous sommes guidés et portés par elle, qu’elle possède une puissance intrinsèque, qu’elle suit un itinéraire tracé dans le monde, qu’elle subira des transformations et des métamorphoses imprévues impossibles à présager pour le moment, que nous devons la suivre docilement, en ignorant le pays où elle nous mène, vers quelle cité céleste, quelle terre nouvelle ou quelle contrée d’enfer elle pourra nous conduire dans l’avenir. […] Parmi d’étroites tonnelles tout alourdies de roses, tandis qu’Ismène se pâme près de Momotombo, il conduit des troupeaux d’orages. […] « Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit mathématiquement d’un homme à un autre homme. […] Il a descendu, conduit par Shakespeareb lui-même, les neuf cercles de la comédie humaine. […] voilà une race que vous avez murée pendant des siècles dans les ghettos immondes, à laquelle vous avez interdit toute jouissance un peu noble, que vous avez obligée à vivre les yeux perpétuellement fixés sur des tas d’or et l’esprit sur la vengeance à tirer de vos orgueils… voilà des gens que vous ne faisiez sortir de leurs ruelles infâmes où ils croupissaient, les uns dans l’or, les autres dans l’ordure, que pour les conduire au bûcher au nom de votre dieu d’amour, et vous vous étonnez que ces gens-là n’aient pas une âme héroïque et claire de chevaliers !

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