Les pères étant rois et souverains de leurs familles, il était impossible, dans la fière égalité de ces âges barbares, qu’aucun d’entre eux cédât à un autre ; ils formèrent donc des sénats régnants, c’est-à-dire composés d’autant de rois des familles, et, sans être conduits par aucune sagesse humaine, ils se trouvèrent avoir uni leurs intérêts privés dans un intérêt commun, que l’on appela patria, sous-entendu res, c’est-à-dire intérêt des pères. […] C’est la divine Providence qui règle les sociétés, et qui a fondé le droit naturel des gens En voyant les sociétés naître ainsi dans l’âge divin, avec le gouvernement théocratique, pour se développer sous le gouvernement héroïque, qui conserve l’esprit du premier, on éprouve une admiration profonde pour la sagesse avec laquelle la Providence conduisit l’homme à un but tout autre que celui qu’il se proposait, lui imprima la crainte de la Divinité, et fonda la société sur la religion. […] Les hommes n’ayant encore que des idées très particulières, et ne pouvant comprendre ce que c’est que le bien commun, la Providence sut, au moyen de cette forme de gouvernement, les conduire à s’unir à leur patrie, dans le but de conserver un objet d’intérêt privé, aussi important pour eux que leur monarchie domestique ; de cette manière, sans aucun dessein, ils s’accordèrent dans cette généralité du bien social, qu’on appelle république. […] Le fil d’Ariane est l’art de la navigation, qui conduit Thésée à travers le labyrinthe des îles de la mer Égée.
De plus, Hannon se conduit comme un être à peu près stupide, avec une aveugle imprudence ; la partie logique, ici comme ailleurs dans l’ouvrage, est très-faible, tandis que la partie pittoresque et qui parle aux yeux prend toute l’attention et prédomine. […] En effet, il a observé les jours précédents l’aqueduc qui conduit les eaux douces dans la ville : il décide Mâtho à s’y enfoncer avec lui, et après des prodiges de dextérité et de bonheur, tantôt nageant, tantôt rampant, ils s’introduisent dans la ville. A peine sortis du conduit ténébreux, Mâtho croit que Spendius va l’accompagner à la maison d’Hamilcar pour y voir Salammbô ; mais Spendius, qui a fait jurer à Mâtho, avant de tenter l’entreprise, de lui obéir en tout aveuglément, le contient dans son désir et se dirige avec lui vers le temple de la déesse Tanit.
Les routes qui conduisent à un si grand but, sont remplies de charmes ; les occupations que commande l’ardeur d’y parvenir, sont elles-mêmes une jouissance ; et dans la carrière des succès, ce qu’il y a souvent de plus heureux, c’est la suite d’intérêts qui les précèdent, et s’emparent activement de la vie. […] Les plus nobles devoirs s’accomplissent en parcourant la route qui conduit à la gloire ; et le genre humain serait resté sans bienfaiteurs, si cette émulation sublime n’eût pas encouragé leurs efforts ! […] n’est plus un bonheur accordé à celui que la passion de la gloire a dominé longtemps ; ce n’est pas que son âme soit endurcie, mais elle est trop vaste pour être remplie par un seul objet ; d’ailleurs, les réflexions que l’on est conduit à faire sur les hommes en général, lorsqu’on entretient avec eux des rapports publics, rendent impossible la sorte d’illusion qu’il faut, pour voir un individu à une distance infinie de tous les autres : loin aussi que de grandes pertes attachent au genre de bien qu’il reste, elles affranchissent de tout à la fois ; on ne se supporte que dans une indépendance absolue, qui n’établit aucun point de comparaison entre le présent et le passé.
On sent le guide en peine et qui ne s’en tire qu’avec effort : on n’arrive qu’à la fin au pied de l’escalier qui conduit à la citadelle ; on le monte lentement et avec fatigue. […] Peu m’importe que Platon ait pu dire cela en effet ailleurs : Barthélemy a été conduit ici à faire une faute de goût par érudition. […] Barthélemy fut conduit, le 2 septembre 1793, à la maison d’arrêt des Madelonnettes.