On en sait maintenant l’histoire, et l’on démêle la double part de vérité et d’invention dont il se compose, presque aussi bien que l’auteur lui-même. […] — Il se compare encore à l’artiste grec qui composa sa Vénus de traits divers empruntés à diverses beautés ; et c’est ainsi qu’il a fait dans Werther, dit-il, tout en y laissant à sa Charlotte le caractère dominant du principal modèle. […] Lire Homère, s’asseoir sous les tilleuls d’une cour d’auberge rurale, y dessiner le pêle-mêle d’un devant de grange et l’enfant de quatre ans qui, pendant que la mère est absente, tient entre ses jambes son petit frère âgé de six mois, qu’il appuie doucement contre sa poitrine, — voilà une journée délicieuse : « Et au bout d’une heure je me trouvai avoir fait un dessin bien composé, vraiment intéressant, sans y avoir rien mis du mien. […] Werther une fois fait, et même à mesure qu’il le conçoit et le compose, Goethe retrouve sa sérénité ; il a triomphé de ses sentiments puisqu’il les a magnifiquement exprimés.
La bonté ingénieuse surtout, si une fois elle a été unie à la beauté souveraine, et n’a composé avec elle qu’un même parfum, est une grâce qui devient enchanteresse à son tour et qui ne périt pas. […] Les Mémoires de M. de Chateaubriand, au point où ils en sont aujourd’hui, se composent de deux ensembles distincts. […] C’était le composé de toutes les femmes qu’il avait entrevues ou rêvées, des héroïnes de l’histoire ou du roman, des châtelaines du temps de Galaor, et des Armides ; c’était l’idéal et l’allégorie de ses songes ; c’est quelquefois sans doute, le dirai-je ? […] Ces Mémoires sont de temps en temps entrecoupés par des prologues qui marquent les dates et les situations contrastantes où l’auteur les composa.
Cette chose, qui n’est nullement la liberté, mais qui est dignité morale dans le jeu du commandement et de l’obéissance dont se compose tout gouvernement, c’est la participation plus ou moins grande que chaque individu, esclave, sujet ou citoyen, apporte à la formation du gouvernement et des lois ; c’est le concours plus ou moins complet, plus ou moins direct de beaucoup ou de toutes les volontés individuelles dans la volonté générale, à laquelle on donne le droit du commandement et le devoir d’obéissance. […] Parce que la société politique ne se compose pas seulement de corps qui produisent, qui consomment, qui vivent et qui meurent ensevelis dans le sillon qui les a nourris ; mais parce que la société morale se compose avant tout d’une âme immortelle dont la destinée immortelle est de rendre gloire à son Créateur en se perfectionnant et en se sanctifiant éternellement devant lui. […] La société politique et civile est le milieu composé de devoirs mutuels dans lequel l’homme trouve à exercer son âme militante et perfectible à cette vertu dont la société vit, mais dont le mérite ne finit pas ici-bas ; c’est la civilisation spiritualiste de l’âme humaine.
Il en paraît enfin une image dégagée de toutes les formes qu’elle reçoit dans chaque temps particulier, des religions et des sociétés diverses et composée de ces traits généraux et communs qui constituent l’unité de l’homme, si divers par le temps et le lieu. […] Et dans ce moi, composé d’un être double, d’une âme qui pense et don corps qui a des besoins certains, mais si difficiles à démêler d’avec ses passions, pour qui sera la préférence, ou de l’âme qui ne pense que des choses douteuses et ne remue que des obscurités ? […] Entre deux sortes de réfutation des athées des païens et des schismatiques, la réfutation philosophique et humaine, et la réfutation selon la foi et la théologie, il s’attachait à la première, et il composait pour des chrétiens une sagesse de tous les aphorismes des païens. […] Saint François de Sales ne se crut plus en droit de résister ; il redemanda ses lettres à sa parente, et en composa l’aimable livre de l’Introduction à la vie dévote, qu’il adresse à Philotée, ou l’âme dévote.