Comme les très grands écrivains qui ont su s’attendre, Joseph de Maistre, qui fut une créature beaucoup trop élevée et trop simple pour se jeter à la tête de la publicité et pour s’ébouriffer de ce mot de gloire, comme Diderot, Rousseau et tant d’autres, Joseph de Maistre, qui écrivit tard, apparaît, quand il paraît avec une beauté accomplie et une physionomie complète. […] L’individualité complète, l’individualité de pied en cap de Joseph de Maistre, certes !
Son essai a été un éloge… complet. […] Si Thucydide est le génie grec dans son expression la plus pure, la plus haute, la plus complète (style d’école normale), abordant l’histoire, il l’aborde nécessairement avec toutes les idées et tous les procédés familiers au génie grec.
Mais, malgré cette justice, malgré le bon goût d’un ouvrage qui n’a pas une déclamation, Weiss n’en travaille pas moins à faire prendre le change sur Louis XIV, quand il accepte si vite comme une faute absolue, comme une faute complète, la révocation de l’Édit de Nantes. […] Ce reproche, qui s’applique sans nul doute à la guerre de la succession d’Espagne, montre combien la faculté politique est muette chez Weiss ; car c’est un fait maintenant acquis, et grâce à des travaux récents très complets, que sur cette question de la succession d’Espagne Louis XIV soutint la seule politique qui convînt à la nature des choses, au droit européen et à l’intérêt de la France.
À en juger par ce volume-ci, nous pensons que son ouvrage n’aura pas besoin d’être recommencé : il sera complet. Seulement, si complet qu’il continue d’être, nous ne croyons pas que la seconde partie, qui nous est inconnue, ait pour personne l’intérêt si vif et si incessamment attisé de la première, et cela en vertu d’une foule de raisons.