C’est ainsi que dans un musée, il ira tout droit, comme un somnambule, les yeux fermés, au tableau consacré par l’admiration commune, le suffrage universel du beau et le gros prix marchand, qui le fascine s’il est énorme — incapable de découvrir un chef-d’œuvre inédit, anonyme, méconnu. […] … Le commun sans doute, c’est le grand chemin de Béranger ; mais il y a des bas-côtés, bien jolis, bien délicats.
Entre gens qui aiment le travail, il y a une justice professionnelle, une mesure commune des valeurs. […] » Cette lutte s’estompe dans un passé qui paraît lointain, et, maintenant que les rancunes sont tombées, avec l’ardeur de la bataille, que les dangers communs ont réuni, côte à côte, les ennemis d’hier, il est plus facile d’apprécier sainement l’intention dans le fait, jugé autrefois répréhensible, lorsqu’une occasion nous reporte à ces anciennes histoires.
Et, si quelques traits de ce poëme furent le prétexte ou la cause de l’accusation de sacrilège intentée contre Eschyle et repoussée par son frère Aminyas, au nom de leurs blessures communes, jamais l’instinct de la conscience contre un culte faux, jamais le cri de l’humanité contre la force n’aura été plus poétique ni plus grand. […] Il n’est plus le prophète qui maudit, ou l’Euménide qui menace ; mais il est à la fois le chantre religieux dans le temple et le poëte de l’amour, de la pitié, de la douleur, dans la vie commune.
Tel il fut avec Du Fresny, tel nous allons le voir à côté de La Motte dans la querelle commune qu’il épousa, franc, net et vif ; critique fin, paradoxal, mais sincère ; raisonnant son admiration comme toutes choses, et tellement fidèle au tour de son esprit, même en se donnant à La Motte et en se faisant son lieutenant, qu’il n’est pas juste d’estimer l’un et de mépriser l’autre.