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1881. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

C’est ainsi qu’on attribue à l’organisme exceptionnel de Flaubert, aux circonstances particulières de sa vie provinciale, à la disproportion constitutive de sa nature et de ses idées et même à la maladie physique dont il a souffert, une irritation d’âme, une constatation de notre néant, un découragement de l’effort et un sens de l’inutilité de tout, qu’on trouve à un degré plus décisif et en quantité plus intense chez l’auteur du Génie du Christianisme, lequel ne fut pas épileptique, n’a pas habité Rouen et n’a jamais subi les ravages de l’amour pur et du lyrisme hugolâtre. […] Il a avoué le but et la tendance de sa critique, lorsqu’il écrivait : « J’aime l’information, l’accident, le détail et la circonstance, ce qu’il restera de piquant et d’imprévu pour ceux qui liront plus tard7. » Le bon sens de Sainte-Beuve, le nombre d’ouvrages qu’il a jugés, ses aptitudes, sa facilité, sa bonhomie, son dilettantisme, donnent encore aujourd’hui à ses Causeries un charme d’actualité. […] Selon lui, il est nécessaire, pour apprécier une œuvre, de connaître d’abord la vie d’un auteur, ses malheurs, ses relations, son caractère, ses idées sur la société, sur l’amour, sur l’art, ses groupes d’amis, ses parents, ses sœurs, les circonstances où il a écrit ses livres, ses antécédents de famille, ce qu’ont dit de lui ses admirateurs et ses ennemis.

1882. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Le Napoléon de Tolstoï est un général bien doué, servi par les heureuses circonstances que réclamait pour lui ce professeur tant bafoué. […] « Pendant l’année 1812, la vie de province s’écoulait à Voronège comme d’habitude, avec la seule différence qu’il régnait dans la ville une animation inusitée : plusieurs familles riches de Moscou s’y étaient réfugiées par suite de la gravité des circonstances, et, au lieu des conversations banales et accoutumées sur le temps et sur le prochain, on causait de ce qui se passait à Moscou, de la guerre et de Napoléon. » À Moscou, il en est de même : « L’approche de l’ennemi ne rendit point les Moscovites plus sérieux : ils envisageaient, au contraire, leur situation avec une légèreté croissante, ainsi qu’il arrive souvent à la veille d’une catastrophe. » La conclusion est bien humaine, hélas !

1883. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

S’ils se taxent, c’est volontairement ; ils ne payent rien qu’ils n’accordent ; au commencement du quatorzième siècle, leurs députés réunis font la Chambre des communes, et, à la fin du siècle précédent, l’archevêque de Cantorbéry, parlant au nom du roi, disait déjà au pape : « C’est la coutume du royaume d’Angleterre que, dans toutes les affaires relatives à l’état de ce royaume, on prenne l’avis de tous ceux qui y sont intéressés. » IX S’ils ont acquis des libertés, c’est qu’ils les ont conquises ; les circonstances y ont aidé, mais le caractère a fait davantage.

1884. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Sur cette définition et une péroraison en rapport avec la circonstance, il a clos cette conférence intéressante et intellectuelle. […] Comme il n’a pas de génie, il se conduit, ainsi qu’il est naturel, d’une manière admirable en toute circonstance.

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