Diderot, dès ses premières Pensées philosophiques, paraît surtout choqué de cet aspect tyrannique et capricieusement farouche, que la doctrine de Nicole, d’Arnauld et de Pascal prête au Dieu chrétien ; et c’est au nom de l’humanité méconnue et d’une sainte commisération pour ses semblables qu’il aborde la critique audacieuse où sa fougue ne lui permit plus de s’arrêter. […] Chrétiens ?
« Vous n’ignorez pas l’importance extrême du caractère dont vous êtes revêtu, car vous savez très bien que le monde chrétien jouirait de la paix et du bonheur si les cardinaux étaient ce qu’ils devraient être, puisque alors les papes seraient toujours vertueux, et que le repos de toute la chrétienté est essentiellement dans leurs mains. […] C’est une attention que vous devez avoir pour notre saint-père, que de ne pas le fatiguer de prières indiscrètes, de ne l’aborder jamais qu’avec des choses qui lui fassent plaisir ; ou, si vous vous y croyez obligé, une requête humble et modeste lui plaira davantage et sera plus agréable à son humeur et à son caractère. » Voilà l’âme d’un père chrétien et politique unissant le ciel à la terre pour protéger son fils.
… tu n’as pas le cœur d’une épouse chrétienne, Tu ne sais pas aimer comme aime une Silva. […] S’il faut absolument chercher la figure de ce poète excellent dans l’iconographie chrétienne, j’arrangerai tout peut-être en choisissant cette figure des catacombes où l’on voit le Christ en Orphée charmant les animaux des sons de sa lyre.
La Réforme, considérée comme la renaissance de l’antiquité chrétienne, eut peu d’influence sur l’esprit de Rabelais. […] Mais, sauf sa part de la curiosité générale pour les monuments de la tradition chrétienne, il n’a rien dû à la Réforme de ce qu’il a fait de plus excellent.