Mais M. de Meilhan, qui cherche le point précis et décisif où les événements ont commencé à échapper à la direction et au conseil des gouvernants pour se précipiter par des pentes imprévues et rapides, n’a peut-être pas tort dans l’indication de l’origine. […] Il reconnaît que « la Révolution de la France semble être celle de l’esprit humain » ; et il cherche en quoi cette Révolution peut consister. […] Quant aux idées philosophiques ou politiques renfermées dans des écrits antérieurs, une fois la tranchée ouverte et l’ennemi introduit dans la place, on y recourut, mais comme on s’adresse à un avocat pour fournir des motifs à l’appui d’une cause, d’un acte qu’on veut colorer : C’est quand la Révolution a été entamée, dit M. de Meilhan, qu’on a cherché dans Mably, dans Rousseau, des armes pour soutenir le système vers lequel entraînait l’effervescence de quelques esprits hardis.
Il n’a point cherché de ces effets qui renversent d’abord ; les choses neuves qu’il a à nous apprendre sur le règne de Henri IV, il ne les a demandées qu’à des séries de faits soigneusement assemblés et rapprochés avec méthode, avec force. […] Bazin, avec le tour d’ironie piquante et épigrammatique qui lui était trop habituel, aimait constamment à opposer, au héros un peu convenu de La Henriade ; ce Henri paradoxal et vivant, mais accidentel, et qui n’est que la moindre partie de tout l’homme, on ne doit pas le chercher dans les pages sérieuses de cette Histoire. […] Plus d’un laboureur dut se dire comme le vieillard de la comédie grecque, chez cet antique Philémon dont on n’a que des fragments : Les philosophes cherchent, à ce qu’on m’a dit, et ils perdent à cela beaucoup de temps, quel est le souverain bien, et pas un n’a encore trouvé ce que c’est.
Il a tracé de ce salon célèbre et de sa confusion première un piquant tableau : « Le salon de Mme de Staël se trouvait alors peuplé, disait-il, de quatre à cinq tribus différentes : des membres du gouvernement présent, dont elle cherchait à conquérir la confiance ; de quelques échappés du gouvernement passé, dont l’aspect déplaisait à leurs successeurs ; de tous les nobles rentrés, qu’elle était à la fois flattée et fâchée de recevoir ; des écrivains qui, depuis le 9 thermidor, avaient repris de l’influence, et du Corps diplomatique, qui était aux pieds du Comité de Salut public en conspirant contre lui. » « Au milieu des conversations, des actes, des intrigues de ces différentes peuplades, ma naïveté républicaine se trouvait fort embarrassée. […] S’il se renouvelle, notre conduite sera la même… » Je cherche inutilement ce discours du 9 ventôse an VI dans le recueil de M. […] Lorsque ce talent à la fois jeune et en pleine maturité s’est annoncé ici avec un si grand éclat, on a cherché à l’écarter en disant que c’était un étranger : le fait est faux ; c’est un Français rendu à la France par le décret philosophique qui réintègre les descendants des protestants réfugiés.
Je n’irai pas chercher dans les œuvres en prose, dans les romans de Théophile Gautier, son autobiographie précise : il pourrait la récuser, et trop d’art s’y mêle à tout moment à la réalité pour qu’on ose se servir sans beaucoup de précaution de cette clef-là. […] Ce n’est pas ce que la plupart y cherchent qui me frappe surtout, quoique l’idée première cependant soit aussi juste que vive. […] On cherchait du Faublas, et l’on se trouve à chaque instant arrêté et retardé par des espèces de chants et de mélodies qui viennent à la traverse, et qui sont comme un écho de certains dialogues de Platon.