A chaque pas l’on rencontre des géants, vaincus comme de raison, quand ils sont musulmans, vainqueurs, dès qu’ils combattent pour la sainte cause. […] Quant aux passions, qui tiennent trop du corps, elles sont condamnées comme des causes d’erreur et d’achoppement : ce sont elles qui empêchent l’homme d’aller droit au vrai et au bien. […] D’abord, par cela seul qu’elles déroulent une suite logique d’événements, un engrenage serré de causes et d’effets, elles donnent souvent de lumineuses leçons de choses ; elles montrent comment telle conduite engendre telle conséquence, et cela vaut un prêche. […] Certes, la débauche, l’impudeur, la sensualité ont dans la nature de l’homme et dans la constitution d’une société des causes plus profondes que dans la littérature, même dans celle qui est, à bon droit, taxée d’immorale.
À cette première époque de sa vie, le jeune écrivain, bien qu’émigré, n’avait épousé de cœur aucune cause politique ; on se rappelle son mot sur Chamfort : « Je me suis toujours étonné qu’un homme qui avait tant de connaissance des hommes, eût pu épouser si chaudement une cause quelconque. » Un tel mot donne la mesure des convictions de M. de Chateaubriand au moment où il l’écrivait. […] Dans ses Mémoires, le chapitre par lequel il entame sa vie politique et qu’il intitule « De Bonaparte », débute également par une page qui va rejoindre la dernière invocation de ce poème des Martyrs : « La jeunesse est une chose charmante ; elle part au commencement de la vie, couronnée de fleurs, comme la flotte athénienne pour aller conquérir la Sicile… » Et le poète conclut que, quand la jeunesse est passée avec ses désirs et ses songes, il faut bien, en désespoir de cause, se rabattre à la terre et en venir à la triste réalité. […] Il parlait très bien de la Charte, et commençait magnifiquement dès lors l’explication de la théorie constitutionnelle ; mais si les conclusions étaient saines, les arguments étaient presque partout violents et irritants, les moins faits pour attirer et affectionner les esprits à la cause qu’il préconisait.
Pendant qu’il est là, un comte Pepoli, ami commun d’Orsini et de Charles Edmond, le fait demander dans l’antichambre, lui dit qu’Orsini a consacré toute sa vie à la patrie italienne, qu’il n’y a pour lui de plus mortelle injure qu’une offense au drapeau italien… et, de fil en aiguille, Charles Edmond découvre qu’il venait comme témoin à cause du propos sur la polenta et le macaroni. […] En nous promenant dans le bois de Bellevue, il cause, il s’ouvre, il s’expansionne. […] Comme nous revenons par les voies qui descendent du chemin de fer Montparnasse à la rue de Grenelle, nous voici avec Saint-Victor, à regarder le ciel éclairé par un splendide clair de lune, et nous disant que c’est cette même voûte vers laquelle se sont tournés les yeux de ces millions d’hommes morts, pour des causes si diverses et des querelles si contraires, — depuis les soldats de Sennachérib jusqu’aux soldats de Magenta. […] * * * — J’ai eu des chaleurs de tête, des dévouements d’idées, des enthousiasmes d’âme ; mais à présent je juge qu’il n’y a pas une chose ou une cause qui vaille un coup de pied dans le cul, — au moins dans le mien.
Elle déclare « que tous les efforts tentés jusqu’à ce jour pour atteindre son but (l’émancipation économique des classes laborieuses) ont échoué, à cause du manque de solidarité entre les diverses branches du monde des travailleurs, et à cause de l’absence de tout lien fraternel unissant entre elles les classes ouvrières des divers pays ». […] La farine dans le quartaut ; le lait dans la terrine ; la chanson dans la rue ; les nouvelles du bateau ; l’éclair de l’œil ; la forme et la démarche du corps — montrez-moi l’ultime raison de ces choses, montrez-moi la présence sublime de la cause spirituelle se cachant, comme elle se cache toujours, dans ces alentours et ces extrémités de la nature ; que je voie chaque bagatelle se hérisser de la polarité qui la range instantanément sous une loi éternelle ; l’échoppe, la charrue et le registre rapportés à cette même cause par laquelle la lumière ondule et les poètes chantent : — et le monde ne reste pas plus longtemps un mélange grossier et une chambre de débarras, mais possède la forme et l’ordre ; il n’y a pas de bagatelle ; il n’y a pas d’énigme, mais un seul dessin unit et anime le sommet le plus lointain et le fossé le plus profond41 ». […] La Civilisation, ses causes et ses remèdes.