/ 2930
769. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Depuis le sire de Joinville, jusqu’au cardinal de Retz, depuis les mémoires du temps de la Ligue jusqu’aux mémoires du temps de la Fronde, ce caractère se montre partout ; il perce même jusque dans le grave Sully. […] Concluons donc que c’est au changement des affaires humaines, à un autre ordre de choses et de temps, à la difficulté de trouver des routes nouvelles en morale, en politique et en philosophie, que l’on doit attribuer le peu de succès des modernes en histoire ; et, quant aux Français, s’ils n’ont en général que de bons mémoires, c’est dans leur propre caractère qu’il faut chercher le motif de cette singularité.

770. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Hallé  » pp. 127-130

Ne sentez-vous pas que si le sermon est des jugements de Dieu, votre orateur aura l’air sombre et recueilli, et que votre auditoire prendra le même caractère ; que si le sermon est de l’amour de Dieu, votre orateur aura les yeux tournés vers le ciel, et qu’il sera dans une extase que les peuples qui l’écoutent partageront ; que s’il prêche la commisération pour les pauvres, il aura le regard attendri et touché, et qu’il en sera de même de ses auditeurs. […] quels caractères de tête ne faudra-t-il pas qu’il donne à son orateur, et à ses auditeurs ?

771. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques Nous avons déjà montré qu’antérieurement à Homère il y avait eu trois âges de poètes : celui des poètes théologiens, dans les chants desquels les fables étaient encore des histoires véritables et d’un caractère sévère ; celui des poètes héroïques, qui altérèrent et corrompirent ces fables ; enfin l’âge d’Homère, qui les reçut altérées et corrompues. […] La tragédie dut commencer par un chœur de satyres ; et la satire conserva pour caractère originaire la licence des injures et des insultes, villanie, parce que les villageois grossièrement déguisés se tenaient sur les tombereaux qui portaient la vendange, et avaient la liberté de dire de là toute sorte d’injures aux honnêtes gens, comme le font encore aujourd’hui les vendangeurs de la Campanie appelée proverbialement le séjour de Bacchus.

772. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Les deux meilleurs caractères de la pièce, les plus vrais d’un bout à l’autre, me semblent Richelieu et la marquise. […] ce moment et cette parole achèvent le caractère. […] Leduc accourt à temps pour relever le chevalier de sa parole ; celui-ci ne dément pas son caractère solennel et achève de se poser dans ce dernier mot : « Mademoiselle de Belle-Isle, ma femme !

/ 2930