Je n’avais aucune part ni dans les affaires publiques, ni dans les secrets de mon maître : cela ne convenait ni à mes vues ni à mon caractère. […] Le pauvre prince de Conti, qui nous apparaît ici dans toute son inconstance de caractère et sa muabilité, est invité à aller à Montpellier par le comte d’Aubijoux, gouverneur, et qui se fait une fête de le recevoir. […] Ses Mémoires feront prévaloir désormais cette partie sérieuse de sa vie, et l’on connaîtra en somme un personnage et un caractère de plus dans ce siècle où il y en eut tant d’originaux.
Shakespeare est « un plagiaire » ; Shakespeare est « un copiste » ; Shakespeare « n’a rien inventé » ; c’est « un corbeau paré des plumes d’autrui » ; il pille Eschyle, Boccace, Bandello, Hollinshed, Belleforest, Benoist de Saint-Maur ; il pille Layamon, Robert de Glocester, Robert Wace, Pierre de Langtoft, Robert Manning, John de Mandeville, Sackville, Spencer ; il pille l’Arcadie de Sidney ; il pille l’anonyme de la True Cronicle of King Leir ; il pille à Rowley, dans The troublesome reign of King John (1591), le caractère du bâtard Falconbridge. […] Un des caractères du génie, c’est le rapprochement singulier des facultés les plus lointaines. […] III Un des caractères qui distinguent les génies des esprits ordinaires, c’est que les génies ont la réflexion double, de même que l’escarboucle, au dire de Jérôme Cardan, diffère du cristal et du verre en ce qu’elle a la double réfraction.
Par exemple, la croyance à une distinction primitive du bien et du mal est bien une de ces vérités élémentaires au-delà de laquelle il est difficile de remonter ; cependant combien de fausses croyances morales se sont présentées, se présentent encore parmi les hommes avec le même caractère apparent d’une autorité sacrée et d’une irrésistible certitude ! […] Avant de soumettre mon esprit à de telles vérités, il faut donc que je les examine préalablement, afin de voir si elles ont bien le caractère qu’elles prétendent avoir. […] A n’en pas douter, il y a là tous les caractères d’un fait inévitable que les impies peuvent considérer comme le résultat des lois implacables du destin, mais où l’on peut tout aussi bien voir le signe d’une volonté providentielle.
Mais ce n’est point dans les livres quelle inspire, que le lettré cherchera le tableau de la nouvelle littérature dont le caractère le plus apparent est une sorte d’inquiétude, un état de crainte permanente, de regrets, une tendance à revenir en arrière. […] « Croire qu’en imitant certaines qualités de pureté, de sobriété, de correction et d’élégance, indépendamment du caractère même et de la flamme, on deviendra classique, c’est croire qu’après Racine père, il y a lieu à des Racine fils, rôle estimable et triste, ce qui est le pire en poésie. […] À ce jour, il n’y a pas de théorie précise du régionalisme ou, du moins, il y en a mille ; c’est un groupement d’opposition qui convient au caractère français et qui obtiendra d’importants succès de détail.