Qu’on en cite les morceaux les mieux pensés, le plus exactement écrits, & qu’on les compare avec ceux que nous allons prendre au hasard dans les Œuvres de Saint-Evremont : on verra, d’un côté, des pensées communes, énoncées avec une prétention froide & géométrique ; de l’autre, des idées fines & profondes, développées avec délicatesse & vivacité.
Un de ces hommes accoutumés à saisir toutes les choses par leur côté plaisant, célébra cette réconciliation dans un écrit intitulé : Banquet d’honneur, sur la paix faite entre Clément Marot, François Sagon, Fripelippes, Huéterie, & autres de leurs ligues.
Il l’emporte aussi par ce côté sur la plupart des satiriques, qui se sont cantonnés, presque tous, dans quelques vices ou dans quelques travers déterminés, et qui n’entendent pas la guerre des masses.
Mais Charles Barbara, qui, je vous l’assure, est un homme, n’a pas craint de mettre son pied dans ce soulier éculé, rempli de sang, et, au lieu de barboter là-dedans comme un réaliste de 1855 ou un romantique de 1832, il nous a donné une étude superbe de vérité inattendue sur le remords dans les âmes fortes, — et, comme un chirurgien retire du fond d’une plaie des os brisés, des fragments de l’homme corporel il nous a retiré une conscience, les fragments d’une âme déchirée et mutilée par le crime… Jusqu’ici, la plupart des livres qui avaient peint le remords lui avaient fait pousser quelque cri sublime ou l’avaient peint accessoirement, de côté, le mêlant au torrent des autres sentiments de la vie.