/ 1531
1409. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

S’il avait eu soin d’entretenir l’estime des honnêtes gens, l’homme n’aurait pas eu besoin d’être aimable, ni l’écrivain fréquenté et fêté, pour jouir, dans la critique, d’une espèce d’empire solitaire, pareil à celui de l’ours blanc assis sur son îlot. […] C’était, poursuit Jules Janin, une confusion de dentelles et de loques sans nom, do velours et de blouses immondes ; l’ambre mêlé à l’âcre odeur de l’ail, le bouquet de camélias coudoyant le cornet rempli de pommes de terre frites, le sabot et le soulier de soie ; ici, les trous et les taches, et là le gant blanc dans toute sa pureté ; des mains calleuses et des mains de duchesse. […] Prenez une main de papier blanc : vous pouvez y écrire les Provinciales, si vous êtes Pascal ; les Lettres persanes, si vous êtes Montesquieu ; Candide, si vous êtes Voltaire : mais, si vous n’êtes… qu’un de nos Immortels, vous pouvez y bousiller la chose au dessous de zéro qui s’appelle le V… M… 120 Le style fait bien des choses. […] Dans la simplicité de Paul et Virginie il y a déjà plus d’art que dans celle de Manon Lescaut, et la simplicité de Colomba s’élève au comble d’une certaine perfection dont l’idéal consiste à éviter si bien non seulement tous les défauts, mais aussi toutes les qualités trop apparentes, que l’œil du lecteur ne soit ni choqué ni ébloui par rien, ne remarquant pas plus de splendeurs que de taches, baigné et reposé dans cette transparence neutre de la clarté blanche qu’on ne voit pas elle-même et qui fait tout voir. […] Je conçois à la rigueur un style qui, sans images vives et neuves, serait encore assez beau, parce que les images sont une lumière coloriée, plutôt agréable que nécessaire, la lumière blanche pouvant presque toujours suffire ; je ne conçois pas de bon style sans harmonie.

1410. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Quel est le militaire de théâtre, arrivant à franc étrier, d’après son rôle, qui ne se présente en culotte irréprochable, en bottes sans une moucheture, en gants paille du dernier blanc ? […] Ma main pèse autant qu’all’est blanche, Et vous gagnerez un soufflet : Ne frippez poan mon bavolet ; C’est aujordi dimanche. Attendez à demain que je vase à la ville, J’aurai mes vieux habits ; Et les lundis, Je ne sis pas si difficile ; Mais à présent, tout franc, Si vous faites l’impertinent, Si vous gâtez mon linge blanc, Je vous barrai comme il faut de la hâte ; Je vous battrai, pincerai, piquerai ; Je vous moudrai, grugerai, pilerai ; Menu, menu, menu, comme la chair en pâte. […] Le poulailler de Pontoise Me doit ramener demain, Voir ma famille bourgeoise ; Me doit ramener demain, Un bâton blanc à la main. […] Cependant, je pars demain, Sans argent et sans louange ; Cependant, je pars demain, Un bâton blanc à la main.

1411. (1914) Une année de critique

Alfred Capus chroniqueur ; et je me demande s’il ne convient pas de marquer d’un signet blanc, dans les annales du journalisme, la page où M.  […] Il eût pu, grâce à quelque vernis, leur donner les reflets de l’ébène ou de l’acajou, mais il a préféré le Bois tout nu, le bois blanc. […] On leur a reproché un abus du « vers blanc ».

1412. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Demain, c’est le cheval qui s’abat blanc d’écume. […] Qu’un homme que nous avons presque connu, si nous n’étions pas né en province, que nous pouvions connaître, que nous pouvions toucher, dont nous voyons encore la grande barbe blanche dans les dernières images, dans les images de la fin, dans des apothéoses aux murs des chambres de toutes les maisons, et les grosses paupières, surtout les deux paupières inférieures, comme un peu gonflées, (il avait tant regardé le monde), un homme que nous avons suivi pendant onze ans, pendant douze ans, je veux dire que nous avons historiquement, biographiquement, chronologiquement doublé pendant douze ans, que nous avons vu censément enterrer sous la troisième République, (les journaux étaient pleins de son enterrement ; nous étions déjà au lycée, en sixième, et je me vois encore discutant gravement en cour, comme un gamin sérieux, sur ce qu’il valait ; déjà j’étais un gamin sérieux ; un enfant pauvre et sérieux ; soucieux ; il faut me le pardonner sur ce que je suis un gamin encore, mais que je ne suis plus sérieux ; déjà j’en étais fou fanatique, surtout encore plus je crois parce que je venais d’apprendre pour l’excellent M.  […] C’est une excitation à blanc de littérature, à faux, un fatras, un fouillis, un amoncellement de littérature. […] C’était vraiment, réellement, littéralement une magie, un charme ; et plutôt une magie noire qu’une magie blanche.

/ 1531