/ 2841
1417. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

L’année même où parut la Guerre des Dieux, et qui fut celle où s’exhalait le dernier soupir du Directoire, vit paraître une série de publications de même nature qui montrent à quel point la littérature alors n’avait pas moins besoin que la société d’un 18 brumaire, je veux seulement dire de quelque chose d’assainissant et de réparateur. […] A considérer l’original de ce portrait, je songeais qu’il en est un peu pour nous du talent de Parny comme de ce profil, et qu’il a besoin d’être bien regardé pour qu’on en saisisse aujourd’hui le trait léger, le tour presque insensible. […] George Sand a célébré et, s’il en était besoin, poétisé, à la fin d’Indiana, le site magnifique du Bernica ; c’est au bord de ce ravin, en haut et en face de la cascade, que l’éloquent romancier dispose la scène, le projet de suicide de Ralph et d’Indiana ; je ne répondrais pas qu’il n’y ait quelque fantaisie dans une description faite ainsi par ouï-dire. […] On n’en a pas besoin, en attendant, pour conclure que Parny entendait le primitif un peu comme Macpherson, et pas du tout comme Fauriel.

1418. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Pardon pour cette digression ; mais de tels hommes ne suscitent que la froide colère de l’indifférence ; qu’il leur soit fait comme ils ont fait à ceux qui les honoraient dans leur adversité ; un jour viendra peut-être où ils auraient besoin, eux aussi, des cœurs de la patrie et où ils ne trouveront à la place de cœurs que des courtisans et des ennemis ; ils ne méritent que cela, ils ne savent pas le prix de l’honneur. […] Madame Récamier n’aspirait nullement à la gloire des lettres, elle se contentait de jouir du talent : c’est en partager les jouissances sans en avoir les angoisses ; madame de Staël n’avait pas renoncé encore et ne renonça jamais aux affections tendres, besoin de son cœur comme l’éclat était le besoin de son esprit. […] Mais elle était elle-même ce luxe de la nature qui n’a pas besoin des luxes de la société.

1419. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Tu rentres, et le matin suivant te trouve, avant la pleine aurore, au coin de ton feu flamboyant de sapin, devant ta table chargée de livres et de crayons, les yeux levés et rêveurs promenés sur l’horizon des montagnes, et cherchant lentement dans ta mémoire les images dont tu avais besoin pour peindre, dans ton poème, la félicité de l’homme. […] Le Dieu infini et invisible, qui remplit le sanctuaire de sa présence, n’a pas besoin d’apparaître sous des traits mortels. […] Je n’en avais pas besoin : l’obligeance est le caractère de presque tous nos agents à l’étranger. […] Cette pensée n’a pas besoin de temples bâtis de main d’homme : la nature entière est le temple où elle adore.

1420. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Nous avons vu comment Molière entre malgré sa famille dans une troupe de comédiens, où l’amour le convie et le retient ; voyons comment Shakespeare échappe même à la famille et à l’amour pour aller entrer dans une troupe de comédiens aussi par la porte des plus ignobles emplois ; ni dans l’un ni dans l’autre, aucune prétention, aucun système, le besoin de vivre, de gagner son pain ; à côté du pain ils trouvent, par surcroît, la gloire. […] Je n’avais jamais eu autant de besoin d’une bénédiction, et amen s’est arrêté dans mon gosier. […] Vous avez besoin de ce qui ranime toutes les créatures, du sommeil. […] Vis donc, Macduff ; qu’ai-je besoin de te redouter ?

/ 2841