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1341. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Il diminuait en même temps l’influence de l’esprit antique, et rapprochait notre littérature de ses sources nationales, en étant au rationalisme, qui avait desséché l’inspiration, ce qu’il rendait au sentiment, et en rapprochant l’homme des beautés naïves de la nature, éclairées et vivifiées par les révélations surnaturelles de la foi catholique. […] Dans ces derniers temps, un illustre théologien a vivement attaqué la doctrine de M. de Bonald sur la formation des idées, tout en admirant la beauté de sa démonstration de la révélation du langage13. […] On ne croit qu’à la matière en philosophie, et la matière est souveraine en politique ; elle a le trône et même l’autel ; on obéit à la force brutale, au moment même où l’on adore la beauté souillée : le nombre est roi, la forme est Dieu. […] Ce livre pourrait être comparé à un de ces portraits peints en beau, mais cependant ressemblants, dans lesquels un rayon de l’idéal semble luire derrière la beauté réelle. […] Mais ils n’ont pu cependant détruire par tant de copies les beautés primitives et inspirées de l’original.

1342. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

L’Agamemnon de Timanthe a la face voilée ; la Niobé, dans cette immense douleur d’une mère qui perd tous ses enfants, conserve encore toute sa froide beauté. […] C’est ainsi que notre habile critique revient à sa dissertation de l’autre jour, quand il nous parlait de la beauté antique, de cette douleur de l’âme qui ne défigure pas les traits de l’homme. […] Et pourtant, ce Jean Monteil n’avait guère alors que vingt-trois, vingt-quatre ans ; il était la coqueluche des beautés de la ville, et pas une mère qui ne le couchât en joue pour sa fille ! […] Une fois dans ces confidences, il est difficile d’en sortir ; le nom revient toujours, toujours la même beauté, le même charme. […] Elle vous disait, madame, qu’il ne fallait pas pleurer, car les pleurs gâtent le visage ; qu’il fallait dormir toute la grasse matinée, car l’insomnie rougit les yeux et flétrit la beauté.

1343. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

Mais pour nous du dehors, habitués à vivre en plein air et qui tenons encore à la beauté des perspectives, l’effet, il faut l’avouer, est déplorable !

1344. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

Je crois bien qu’on s’occupe d’idées plus larges, de théories plus radicales et plus absolues ; mais il en est peut-être à ce sujet des littératures qui se décomposent, comme des corps organiques en dissolution, lesquels donnent alors accès en eux par tous les pores aux éléments généraux, l’air, la lumière, la chaleur : ces corps humains et vivants étaient mieux portants, à coup sûr, quand ils avaient assez de loisir et de discernement pour songer surtout à la décence de la démarche, aux parfums des cheveux, aux nuances du teint et à la beauté des ongles.

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