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972. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Adieu tous les beaux rêves : Quand on est pègre, on doit penser à tout. […] Dans la littérature, malheureusement, ce n’est pas la belle et sincère vieillesse qu’on rencontre d’ordinaire ; c’est celle qui veut faire la jeune et la coquette. […] L’idolâtrie de la forme aboutit le plus souvent au mépris pour le fond : tout devient matière à beau style, même le vice, surtout le vice. […] — « C’est cet admirable, cet immortel instinct du beau, continue Baudelaire, qui nous fait considérer la terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du ciel. […] Beau dessein, dont nous avons vu plus haut le côté légitime, mais contre lequel se re tourne l’exécution même des romans naturalistes.

973. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

D’autre part, la prose peut être poétique ; de Rousseau à Chateaubriand et aux romanciers modernes, il s’est produit en France de nombreux écrits qui ont pour caractère particulier d’exprimer, en une parole librement cadencée, le genre d’émotions élevées et vagues que suggèrent les beaux vers. […] Dans l’une les mots sont employés à donner des choses une image la plus précise possible, une image intellectuelle qui laisse dans l’esprit peu de place aux sentiments associés ; dans l’autre, au contraire, l’image est vague, lointaine, grandie, à peine aperçue et mystérieusement belle ; de l’émotion qu’elle suggère, toute intelligence est excluse. […] Il resterait encore à montrer que l’indéfini, par ce qu’il oblitère dans les objets et par ce qu’il ne peut eu altérer que certaines catégories, coïncide le plus souvent avec le beau, le charmant, le suprême. […] L’idéalisme romantique, en France, — car en Allemagne et en Angleterre il en est autrement, — a des visées toutes différentes, et crée des œuvres plus émerveillantes que belles. […] Les réalistes, au contraire, plus sérieux, plus moroses, tâchent moins de plaire ou d’étonner que d’émouvoir et sacrifient le beau et le prestigieux en politique.

974. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose : cette universalité est la plus belle. […] Voilà certainement une belle antithèse, et de quoi se récrier, avec M.  […] Car on aura beau contredire. […] qu’étaient devenus les beaux jours d’autrefois ? […] Buffon, dit-on, n’imaginait pas de plus complet éloge des beaux vers que de les déclarer beaux comme de la belle prose.

975. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

… toi que le naïf Homère et le sombre Byron lui-même chantèrent dans leurs plus beaux vers, toi qui ranimas longtemps le génie dans le corps débile du maladif Hoffmann ! […] vous avez beau l’ignorer ou l’oublier, ce contraste se reproduira chaque fois et chaque jour, pour qui le saura voir : publique ou cachée, il y aura toujours ce jour-là dans le monde une grande douleur, — une infinité de grandes douleurs. […] Désaugiers n’eut pas à le prendre ; il saisit, comme on dit, la balle au bond, et la relança de plus belle. […] Je puis assurer les élégiaques et les rêveurs que Lamartine, qui effleura cette vie de l’Empire dans sa jeunesse, apprécie fort et sait très-bien rappeler à l’occasion certaines des plus belles chansons de Désaugiers. […] Ses belles chansons, toutes de feu et d’inspiration (il suffira de les noter d’un mot), ce sont : Ma Vie épicurienne (1810).

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