Leur récompense est dans la conscience de leur auteur. […] On s’est éternellement disputé sur l’auteur de ce livre unique. […] Dieu n’a pas permis qu’on sût par quel organe ce flot de sa sagesse avait passé ; il a voulu que l’ouvrage fût immortel et l’auteur ignoré. […] Ce serait une preuve de l’authenticité de l’auteur, s’il en fallait d’autre. […] L’ouvrage était déjà célèbre, et l’auteur, inconnu.
Les poëmes recueillis en 1822, Éloa publiée en 1824, eurent peu de succès, et, sans la prose de Cinq-Mars, en 1826, le nom de l’auteur restait longtemps encore inconnu. […] faites-nous des Cinq-Mars, disait-on de toutes parts à l’auteur, c’est là votre genre. » Succès injurieux ! […] D’autres circonstances préliminaires, bonnes à relever, ont influé encore sur cette dernière phase du talent de l’auteur. […] Pour emprunter des paroles à l’auteur lui-même, je dirai aussi : Tout cela est très-bien, très-pur, très-dèlicat ; d’un vrai idéal, et à ravir26. […] Paul Lacroix était auteur d’un volume intitulé les Soirées de Walter Scott.
C’est lui, l’auteur de Werther et de Faust, et qui s’y connaissait, qui a dit ce mot si juste : « J’appelle le classique le sain, et le romantique le malade. » Comme le classique, et même le romantique, font partie de la tradition, à la considérer dans toute sa série et dans l’étendue du passé, j’ai à m’arrêter à ce mot de Goethe, et je veux chercher à me l’expliquer devant vous. […] J’estime fort, par exemple, ces thèses que l’on voit se produire chaque année sur des sujets spéciaux, et où l’auteur a souvent cherché à creuser plus avant qu’on ne l’avait fait, à ajouter quelque chose à ce qu’on savait déjà ; je m’y instruis ; vous en ferez vous-mêmes bientôt, messieurs, et de bonnes, et même de neuves, j’espère. […] Nous tâcherons, en parlant d’eux, que l’éloge porte sur la qualité principale ; car il y a, même chez les grands auteurs, une qualité principale. […] Je n’irai, point, chez un auteur, louer l’art, là où il y a surtout force et grandeur. […] J’ai souvent remarqué que, quand deux bons esprits portent un jugement tout à fait différent sur le même auteur, il y a fort à parier que c’est qu’ils ne pensent pas en effet, pour le moment, au même objet, aux mêmes ouvrages de l’auteur en question, aux mêmes endroits de ses œuvres ; que c’est qu’ils ne l’ont pas tout entier présent, qu’ils ne le comprennent pas actuellement tout entier.
Le modèle inimitable de ce genre est dans le livre de Montesquieu sur la Grandeur et la Décadence des Romains : on y passe, pour ainsi dire, à travers l’histoire romaine sans s’arrêter ; et cependant on aperçoit assez de cette histoire pour désirer les explications de l’auteur et pour les comprendre. […] Ici il n’y a pas de quoi s’offenser : c’est l’auteur même qui parle, qui se démontre, et la dissection ne porte que sur les procédés de l’intelligence ; ce que l’auteur ajoute sur sa disposition morale est digne de ce qui précède, et résume nettement sa profession de foi politique : « J’ai l’orgueil de croire que je suis plus propre que personne à apporter dans un pareil sujet une grande liberté d’esprit, et à y parler sans passion et sans réticence des hommes et des choses : car, quant aux hommes, quoiqu’ils aient vécu de notre temps, je suis sûr de n’avoir à leur égard ni amour ni haine ; et quant aux formes des choses qu’on nomme des constitutions, des lois, des dynasties, des classes, elles n’ont point, pour ainsi dire, je ne dirai pas de valeur, mais d’existence à mes yeux, indépendamment des effets qu’elles produisent. […] Ne pourrait-on pas demander à l’auteur de la Démocratie (et c’est la seule critique que je hasarde) un peu moins d’amour-propre pour l’homme, un peu plus d’amour pour la démocratie elle-même, pour l’humanité en masse ? […] Tocqueville est un auteur si distingué et dont la réputation gagnera tellement dans l’avenir, qu’on ne doit pas craindre d’insister et d’appuyer à son sujet. […] Les choses flatteuses que vous avez bien voulu dire sur mon ouvrage m’auraient causé beaucoup d’orgueil et de joie, de quelque part qu’elles vinssent ; mais le nom de l’auteur de l’article ajoute encore à mes yeux un nouveau prix à ce que contient d’aimable l’article même.