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1774. (1894) Textes critiques

L’auteur nous prévient que c’est là, seulement, la fantaisie de quelques matinées. […] Toutes nos félicitations à l’auteur.‌ […] Il a l’avantage d’indiquer le confortable des hôtels et restaurants non d’après leur affiliation à l’U.V.F. ou au T.C.F., mais d’après l’expérience personnelle des auteurs. […] Dans la première partie de leur drame, les auteurs posent avec une habile précision ce Don Juan traditionnel, qui n’est qu’une quantité, mais est donc, comme toute quantité, une force. […] A laquelle l’auteur de la note visée répond : Que pensez-vous de « ces petites mains en forme de cuiller ? 

1775. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Ludovic Lalanne, publie pour la première fois62 un texte plus exact et véritablement naturel des Mémoires de d’Aubigné, qui ne se lisaient jusqu’à présent que dans une version arrangée et rajeunie : il a mis à la suite du texte tous les fragments tirés de l’Histoire universelle du même auteur, qui se rapportent à sa vie. […] Henri IV, dans les Mémoires particuliers de l’auteur, nous est montré par d’assez vilains côtés et qui tendraient à le rapetisser ; on l’y voit atteint et accusé d’envie, d’avarice : il n’est rien de tel dans la grande Histoire, et ces petits griefs personnels et de domesticité s’évanouissent : d’Aubigné y replace le héros et le politique à sa juste hauteur, et l’ayant perdu, le regrettant avec larmes, il lui redevient publiquement favorable et fidèle. […] L’auteur n’y perd jamais de vue un plan de composition et même une symétrie extérieure qu’il s’est imposée : c’est ainsi qu’il termine tous ses livres (et il y en a cinq dans chaque tome) par un traité de paix, ou, quand la paix fait faute, par quelque édit ou trêve qui y ressemble : il tient à couronner régulièrement chaque fin de livre par ce chapiteau. […] Quand on a beaucoup lu ces auteurs du xvie  siècle et des précédents, après qu’on a rendu justice à toutes les qualités de couleur, d’abondance, de franchise, de naïveté ou de générosité première qu’ils ont volontiers ; après qu’on a payé un tribut de regret sincère à ce qui s’est, à cet égard, retranché depuis et perdu, il reste pourtant une qualité qui est nôtre, qui est celle de tout bon écrivain depuis Pascal, et qu’on arrive à goûter, à estimer, j’ose dire à bénir de plus en plus ; qualité bien humble et bien essentielle, imposée désormais aux médiocres comme aux plus grands, et que Vauvenargues a appelée le vernis des maîtres, je veux parler de la netteté.

1776. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Santeul fut l’auteur de choix qu’on employa dans cette œuvre de réparation, disait-on alors, — d’altération, dit-on aujourd’hui, — et il en porte en ce moment la peine. […] Félix Clément, dans un choix qu’il vient de publier des anciens chants chrétiens antérieurs à l’époque de la Renaissance (Carmina e poetis christianis excerpta, 1854), s’est attaché à faire connaître les auteurs de ces hymnes et de ces prières empreintes d’une originalité singulière et souvent touchante jusque dans leur rudesse ou leur subtilité. […] On a toutefois à remercier l’auteur de nous faire une dernière fois étudier Santeul, et de nous inviter par son exemple à lui rendre justice dans les limites de la vérité. […] De même que dans La Harpe converti le critique ne le fut jamais, de même dans Santeul devenu auteur de saintes hymnes le poète resta incurable.

1777. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Ce sentiment de modération et de justice, cette intégrité courageuse, il la tenait en partie de ses vertueux parents et de ses auteurs. […] André d’Ormesson, qui écrit la vie de son père d’un style si sain et dans cet esprit de bon sens, dans un sentiment si vrai d’onction domestique, était assez lettré ; il avait étudié au collège du Cardinal-Lemoine et au collège de Navarre ; il a pris soin de donner la liste des auteurs classiques qu’il avait expliqués dans sa jeunesse ; il les revoyait de temps en temps pour s’en rafraîchir la mémoire, et aimait à en citer des passages jusqu’à la fin de sa vie. […] Rien assurément ne ressemble moins à ses Mémoires que le Journal de d’Ormesson ; l’auteur n’a pas songé une seule fois à être piquant. […] Et ma conclusion sur l’auteur du Journal sera en deux mots, qu’en histoire comme dans le procès de Fouquet, M. d’Ormesson a été un bon et fidèle rapporteur.

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