je ne m’en repens pas moins tous les jours de ne pas avoir sacrifié cette vie pour sauver mon héritage à ma famille ; car qu’est-ce qui peut maintenant m’attacher à l’existence ? […] Cependant son frère, son neveu, ses affranchis, ses esclaves, espèce de seconde famille que la reconnaissance, les lois et les mœurs attachaient jusqu’au trépas aux anciens, lui représentèrent qu’un homme tel que Cicéron n’était jamais vieux tant que son génie pouvait conseiller, illustrer ou réveiller sa patrie ; que Caton, en mourant, avait éteint prématurément lui-même une des dernières espérances de la république par une impatience ou par une lassitude de vertu ; que, s’il était résolu à mourir, il ne fallait pas du moins que sa mort fût inutile à la cause des bons citoyens, qui était celle des dieux ; que, Brutus et Cassius vivant encore, et rassemblant en Afrique des légions fidèles à la mémoire de Pompée et à la république, prêtes à combattre les armées vénales des triumvirs, il devait aller rejoindre ces derniers des Romains, raviver par sa présence et par sa voix une cause qui n’était pas encore désespérée tant qu’il lui restait Cicéron et Brutus ; ou, s’il fallait périr, périr du moins avec la justice, la vertu et la liberté. […] Il avoua à ses affranchis que, lassé d’incertitude et de fuite, il avait résolu un moment de rentrer à Rome, et d’aller s’ouvrir lui-même les veines sur le seuil d’Octave, afin de se venger du moins, en mourant, d’une ingratitude écrite en caractères de sang sur le nom de ce parricide, et d’attacher à ses pas, avec la mémoire de son crime, une furie qui ne le laissât reposer jamais !
VIII La sœur de Balzac parle ainsi : « On le trouvait toujours chez lui vêtu d’une large robe de chambre de cachemire blanc doublée de soie blanche, taillée comme celle d’un moine, attachée par une cordelière de soie, la tête couverte de cette calotte dantesque de velours noir adoptée dans sa mansarde, qu’il porta toujours depuis et que ma mère seule lui faisait. […] « Elle l’installa donc, avant notre départ de Paris, dans une mansarde qu’il choisit près de la bibliothèque de l’Arsenal, la seule qu’il ne connût pas et où il se proposait d’aller travailler ; elle meubla strictement sa chambre d’un lit, d’une table et de quelques chaises, et la pension qu’elle lui alloua pour y vivre n’eût certainement pas suffi à ses besoins les plus rigoureux, si notre mère n’eût pas laissé à Paris une vieille femme, attachée depuis vingt ans au service de la famille, qu’elle chargea de veiller sur lui. […] C’était une Polonaise, une Orientale, une personne attachée, dit-on, par devoir à un vieil époux dont la santé expirante devait assurer bientôt la liberté.
Alors, pourquoi vous attacher seulement au culte des livres d’hier ? […] Le tout est de n’attacher aucune importance aux divers potins qu’ils suscitent. […] Paul Souchon Je crois qu’il ne faut attacher aucune importance au qualificatif de « stupide » qui vient d’être attribué au xixe siècle.
Pour l’attacher à l’enfant, le père la mènera un jour promener dans une campagne riante. […] L’amour de la vertu n’est pas un enthousiasme ; c’est l’amour de la peine, du renoncement, des mille difficultés attachées à une conduite vertueuse. […] « Il pensait, nous dit-il, faire acte de citoyen et de père, et se regardait comme un membre de la république de Platon. » On voudrait bien croire à une aberration d’esprit ; mais une lettre écrite longtemps avant les Confessions nous donne le vrai motif : « Il a voulu, dit-il, soustraire ses enfants à une société qui n’en eût fait que des décrotteurs ou des bandits, ou qui ne les eût protégés qu’au prix d’infamies. » Et il ajoute : « C’est l’état des riches, c’est votre état qui vole au mien le pain de nos enfants115. » Voilà bien l’utopiste essayant de cacher le père sans entrailles ; il y a, dans ces paroles sauvages, la mauvaise humeur d’un homme qui a conservé assez d’honnêteté pour s’attacher, avec une sorte de rage, à un sophisme qui lui voile sa faute.