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761. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Rien dans un tableau n’appelle comme la couleur vraie. […] Mais je crains bien que les peintres pusillanimes ne soient partis de là pour restreindre pauvrement les limites de l’art, et se faire un petit technique facile et borné ; ce que nous appelons entre nous un protocole. […] Les fruits, les fleurs changent sous le regard attentif de la Tour et de Bachelier ; quel supplice n’est donc pas pour eux le visage de l’homme, cette toile qui s’agite, se meut, s’étend, se détend, se colore, se ternit selon la multitude infinie des alternatives de ce souffle léger et mobile qu’on appelle l’âme ?

762. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Pour avoir des confessions de cette espèce, il fallait Rousseau ; il fallait ce crapuleux superbe que Voltaire, qui n’était pas bégueule, appelait « le laquais de Diogène ». […] Le premier fut pour un jeune prélat romain quelle appelle du nom de Jérôme, et qui la séduisit à cette heure de la vie où les jeunes filles se prennent à autre chose qu’à de la froideur d’intelligence et à une étendue de connaissances qu’elles ne peuvent pas mesurer. […] Au milieu de ces hommes aimés à tous les titres, et dont chacun a sa spécialité d’amour, évidemment le plus aimé de la collection, le plus aimé avec le plus de furie, avec le plus de passion vraie, — traversée pourtant (à ses jours) de libertinage, — c’est l’Anglais, cet Anglais que Mme George Sand appelle un délicieux Oswald, avec le petit claquement de langue du connaisseur ; mais le plus enivrant pour l’amour-propre du bas-bleu dépareillé, qui cherche sa moitié de génie, et le plus utile pour sa vieillesse future, c’est à coup sûr Chateaubriand !

763. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

Dans ce temps si pauvre d’invention et… d’autre chose, on fait volontiers avec ses œuvres ce que le Gascon fait avec sa cravate, quand il n’en a pas de rechange, ce qui s’appelle même, je crois, la lessive du Gascon : il la retourne. […] C’est un Dumas… Non pas celui que d’aucuns appellent en riant le Grand Dumas, et qui auraient eu peut-être raison de le dire sans rire s’il n’avait pas pris toutes ses facultés, les unes après les autres, et s’il ne les avait pas toutes jetées par les fenêtres comme les riches y jettent quelquefois leur argent. […] … Est-ce enfin (car les voilà tous), est-ce enfin et cela peut-il s’appeler un caractère que cette Iza, épousée pour sa beauté seule par cet homme chaste et réfléchi, dont elle fait, en un tour de reins, une marionnette voluptueuse, le polichinelle de l’amour ?

764. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Nous l’avions appelé un de Maistre à l’état d’enveloppement, qui n’était pas sorti, mais qui peut-être sortirait. […] L’État, cette chose en l’air, n’existe pas ; mais il y a une chose sur terre qui s’appelle l’État pour nous, et c’est la France. […] Comme tous les soi-disant penseurs politiques qui se placent en dehors d’une nationalité déterminée, Dupont-White n’a dû rien comprendre à cet État qui, chez nous, s’appelle la France, et, de fait, il n’y a rien compris.

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