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1739. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Daru n’avait qu’à se reporter à ses propres souvenirs, lorsqu’il disait : Sage dans l’exercice du pouvoir, M. de Préameneu l’avait quitté sans regret…, et il n’avait vu que l’avantage de recouvrer un utile loisir dans ce retour à la vie privée, que les esprits moins calmes appellent trop souvent une disgrâce. […] Il y avait des gouvernements à détruire, des peuples à soulever, des républiques à organiser ; tous ces agitateurs, qui se croyaient des hommes d’État, allaient offrant partout ce qu’ils appelaient leur expérience. […] Rien ne m’autorisait, en 1788, à penser que je pusse être jamais appelé à prendre quelque part aux affaires de mon pays.

1740. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Lorsque Buffon, dans le cours de ses descriptions ou de ses considérations, rencontre quelqu’une de ces idées que Cuvier a appelées des idées de génie, et qui doivent faire la base de toute histoire naturelle philosophique, nous en sommes discrètement avertis. […] La physionomie est belle d’ailleurs : elle est bien de « ce grand et aimable homme », comme l’appelait Gibbon. […] Il n’y manque, pour la compléter, que ce que Buffon n’avait pas assez, il y manque le rayon, l’humble désir qui appelle la bénédiction d’en haut sur l’humaine sueur et qui fait demander le pain quotidien13.

1741. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Appelé souvent à prêcher devant la Cour à dater de 1662, ayant à parler dans les églises ou dans les grandes communautés de Paris, Bossuet y acquit en un instant la langue de l’usage, tout en gardant et développant la sienne ; il dépouilla entièrement la province : celle-ci, dans un exercice et une discipline de six années, l’avait aguerri ; la Cour ne le polit qu’autant qu’il fallut. […] On a essayé plus d’une fois de refuser et de ravir à Louis XIV son genre d’influence utile et d’ascendant propice sur ce qu’on a appelé son siècle : depuis quelque temps, on semblait cependant revenu de cette contestation injuste et exclusive, lorsqu’un grand écrivain de nos jours, M.  […] Cette fois donc, en présence d’un si grand sujet et au pied de la statue, qu’il me suffise d’avoir donné d’un ciseau timide ce que j’appelle une première atteinte.

1742. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Et pour le définir lui-même dès à présent au moyen de La Fontaine et par l’idée qu’il nous en donne, citons ce qu’on lit à la dernière page de l’espèce de registre, assez peu intéressant d’ailleurs, qu’on appelle les Mémoires de Maucroix ; mais ce témoignage si simple et si naturellement rendu a bien du prix : Le 13 avril 1695, mourut à Paris mon très cher et très fidèle ami M. de La Fontaine ; nous avons été amis plus de cinquante ans, et je remercie Dieu d’avoir conduit l’amitié extrême que je lui portais jusques à une si grande vieillesse, sans aucune interruption ni aucun refroidissement, pouvant dire que je l’ai toujours tendrement aimé, et autant le dernier jour que le premier. […] Maucroix jeune, et encore avocat, a fait ce qu’on appelait des airs, des chansons ou stances qui devaient charmer sous la régence d’Anne d’Autriche, et qui se chantaient sur le luth ; par exemple : Amants, connaissez les belles, Si vous voulez être heureux : Elles ne font les cruelles Que pour allumer vos feux. […] Cependant vers leur fin s’envolent ses années, Mais il attend sans peur des fières Destinées             Le funeste décret ; Et quand l’heure est venue et que la mort l’appelle, Sans vouloir reculer et sans se plaindre d’elle, Dans la nuit éternelle il entre sans regret.

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