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278. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Est-ce qu’empêché de sortir de sa condition par le poids, le nombre, et l’astreignante continuité des obligations qui l’y retiennent, « l’individu », serf ou seigneur, clerc ou laïque, moine ou baron, ne s’appartient pas à lui-même ? […] Neufs et inhabiles à l’observation d’eux-mêmes, ils voudraient bien, mais ils ne savent pas, en célébrant leur « dame » ou leur « martyre d’amour », noter le trait caractéristique, donner la touche qui distingue et qui précise, traduire enfin leurs sentiments d’une manière qui n’appartienne qu’à eux. […] Où la stérilité de l’époque n’est pas moins attristante que dans les rapsodies des « grands rhétoricqueurs », c’est dans la fausse abondance des Mystères, si toutefois les Mystères appartiennent à l’histoire de la littérature, et que le texte en ait plus de valeur que celui d’un moderne livret d’opéra. […] Quelques mots sur les Soties ; — qui appartiennent à la période encore presque inexplorée de la littérature du moyen Age. — Qu’il semble cependant qu’elles soient, à une Farce comme Pathelin, ce que les dernières branches du Renard sont aux premières ; — ou l’inspiration de Jean de Meung à celle de G. de Lorris : — c’est encore l’allégorie qui réagit elle-même contre elle-même, — en essayant de le sauver de la froideur par la grossièreté. […] Ajoutez que ce que Boileau croyait qu’il eût « débrouillé » le mérite appartient au moins à Villon de l’avoir « résumé ». — L’idéal de Villon est assurément très éloigné de celui de la « poésie courtoise — mais, s’il existe une poésie de l’aventure et de la vie de bohème, c’est la sienne ; — et il ne l’a pas inventée. — La forme sous laquelle l’idée de la mort a hanté les imaginations du Moyen Âge n’a pas eu non plus de plus éloquent interprète [Cf. les Vers de la Mort du moine Hélinand, dans l’Histoire littéraire de la France, t. 

279. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Mais l’histoire d’une nation est essentiellement une, et, à parler rigoureusement, il est presque impossible de bien comprendre la situation morale de l’Allemagne à la fin du xviiie  siècle, si l’on ne connaît dans une certaine mesure les temps qui ont précédé et préparé celui qu’on étudie ; en sorte qu’il me paraît nécessaire de présenter ici une esquisse rapide de l’histoire de la civilisation germanique depuis ses plus faibles commencemens jusqu’à l’époque où Kant a paru, afin de faire bien saisir l’esprit fondamental et permanent de la grande nation à laquelle notre philosophe appartient, et dont il est le représentant. […] Je pense, en un mot, qu’une civilisation commune appartient à l’espèce humaine tout entière dans toutes les parties du globe. […] Il appartient au xviiie  siècle, et en même temps il ouvre un autre siècle, appelé à une tout autre destinée en philosophie comme en politique. […] Ils reconnurent qu’il appartient à l’homme d’être le juge et non le disciple passif de la nature : ils posèrent des problèmes physiques à priori, et, pour résoudre ces problèmes, ils entreprirent des expériences qu’ils dirigèrent d’après les principes que leur suggéra la raison. […] Mais il n’appartient pas au même homme de commencer une révolution et de la finir.

280. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Autant valait rechercher, dans les catacombes romaines, les divers ossements qui avaient appartenu au même cadavre ; poussières confondues en mille poussières. […] Quant au personnage de Célimène, ne demandez pas s’il appartient à la cour ou à la ville ; il est moitié l’un, moitié l’autre. […] Célimène, en effet, par sa position qu’on n’explique pas, par ces mœurs au moins fort dégagées, par cet affranchissement complet de tout frein et de toute règle, n’appartient pas plus à la cour qu’elle n’appartient à la ville ; elle est placée à moitié chemin de Paris et de Versailles. […] La comédie de Marivaux appartient en propre à tous les esprits ingénieux, à toutes les femmes élégantes de l’Europe. […] Jourdain et sa prose appartiennent à cette catégorie, ainsi que les faiseurs de bouts rimés.

281. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Sur un exemplaire de Vauquelin de la Fresnaie »

Sainte-Beuve, est celui qui a appartenu à M. de Pixérécourt et à M. 

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