Elles ont été remplacées par quatre autres, dont on m’excusera d’être allé reprendre la première, sur les Petits Naturalistes, dans un ancien volume. […] Il imprimait les gens tout vifs, et il vous disait : « La principale héroïne de l’Amour muet est mademoiselle Manette-Aurore Parizot, fille du fourreur actuellement à côté de l’ancienne salle de la Comédie-Française. » Les curieux au moins y pouvaient aller voir ! […] Il aurait pu être beau, spirituel, distingué, attirant, tels qu’ils étaient sans doute, ceux qu’avaient épousés ses anciennes camarades du couvent. […] » Il me paraît que le procédé naturaliste, puisque naturalisme il y a, comporte après tout plus de prestesse et de légèreté de main que l’ancien procédé du roman par lettres, ou par fragments de journal intime. […] Car, que l’on sacrifie, comme nos anciens rhéteurs, à des effets d’emphase et d’harmonie, ou, comme nos modernes stylistes, à des effets pittoresques, effets de couleur et de rendu, c’est la même chose, puisque, dans l’un et dans l’autre cas, c’est la façon qui va devant, la pensée qui vient derrière, et la forme emporte le fond.
Semblable aux anciens esclaves fabulistes qui faisaient dire aux apologues ce qu’ils n’osaient dire eux-mêmes, Rienzi faisait attacher la nuit, autour du Capitole ou du Vatican, des tableaux emblématiques autour desquels la foule se pressait le matin. […] « Le nouveau tribun, dit-il, que je regarde comme votre troisième libérateur, réunit en lui seul la gloire des deux autres, ayant fait mourir une partie de vos tyrans et mis en fuite le reste… « Homme courageux, continue Pétrarque, qui portez tout le fardeau de la république, que l’image de l’ancien Brutus vous soit toujours présente !
C’est cette faculté de percevoir et de communiquer par ses sens des sensations et des idées qui fait de l’âme un être sociable ; sans cela elle serait seule comme Dieu, se suffisant à lui-même dans son infini : le grand solitaire des mondes, selon l’expression d’un ancien. […] IX Quant à la peinture, nous n’avons point d’objet de comparaison entre les anciens et les modernes ; nous ne pouvons donc rien affirmer sur la prééminence d’Athènes, de Rome ou de Paris ; seulement, comme il est certain que les arts ainsi que les idées ont ordinairement leur équilibre, et, marchant du même pas dans une même civilisation, prennent à peu près le même niveau dans les mêmes siècles, il est probable que de très grandes écoles de peinture étaient contemporaines de ces grandes écoles de sculpture à Athènes, au siècle de Périclès.
Notre théorie, à nous, comme la théorie des anciens, c’est l’art pour le beau ; c’était la théorie d’Homère, la théorie de Platon, la théorie de Virgile, de Cicéron, celle de Milton, de Corneille, de Racine, de Voltaire, du Tasse, de Pétrarque, de Byron, de Chateaubriand, d’Hugo, dans les premières splendeurs matinales de leurs beaux génies. […] Cependant cette décentralisation, fatale jusqu’ici à l’Italie, nuisible à l’Allemagne, n’empêche pas le génie germanique d’influer puissamment depuis quelques années sur la littérature nouvelle de l’Europe dans ce que l’on appelle romantisme, c’est-à-dire dans cette tendance heureusement novatrice du génie français, italien, britannique, à sortir de la servile imitation des anciens ; à émanciper nos langues en tutelle, et à les rendre enfin originales et libres comme la pensée spontanée du monde moderne ; dans le romantisme il y a une propension évidente à germaniser la littérature moderne.