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587. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Aux yeux de cette littérature charnelle, anarchique et païenne, l’adultère, après tout, c’est l’amour ! […] menteuse dans l’amour et infidèle… à son amant ! […] C’est cette langue dévouée à l’ameublement, à la tapisserie, aux clous dorés, aux épingles et aux épinglettes, à tous ces brimborions pointillés qu’elle décrit avec un amour de myope qui regarde de près, et que dorénavant M.  […] Feydeau décrit avec un amour de matérialiste, ne l’exhaussent pas du plus mince degré dans l’idéal de l’affreux…. […] Dans Fanny, il avait appliqué à la vie parisienne et à l’ameublement de l’amour, dans ses meubles, le procédé de M. 

588. (1900) Molière pp. -283

j’aurais de l’amour pour ta chienne de face ? […] C’est que l’amour du salut, qui est la source de tant de bons sentiments et de tant de belles actions, quand il se confond avec le pur amour de Dieu, devient dans certaines âmes bassement dévotes, quoi ? Pas autre chose qu’une forme de l’amour de soi-même. C’est l’amour de soi-même, c’est l’amour de la vie, avec une avidité plus insatiable, avec une ambition plus immense, c’est l’amour de la vie prolongée au-delà du tombeau, victorieuse au-delà de la mort ; il n’y a pas autre chose chez Orgon, pas autre chose chez Argan. […] Il peut vouloir dire chez celui qui le prononce : Cet écu, je ne te l’aurais pas donné pour l’amour du ciel, d’une Providence, je te le donne pour l’amour des hommes, parce que l’Humanité est divine.

589. (1902) Propos littéraires. Première série

C’est l’amour d’autrui. […] De plus, l’amour de la montagne est un amour esthétique. […] Encore, l’amour des montagnes est un amour moral. […] “On peut donc vivre sans amour les drames les plus violents de l’amour ! […] Elle n’a jamais dit un mot d’amour.

590. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Tous les vices se coalisent, tous les talents devraient se rapprocher ; s’ils se réunissent, ils feront triompher le mérite personnel ; s’ils s’attaquent mutuellement, les calculateurs heureux se placeront aux premiers rangs, et tourneront en dérision toutes les affections désintéressées, l’amour de la vérité, l’ambition de la gloire, et l’émulation qu’inspire l’espoir d’être utile aux hommes et de perfectionner leur raison8. […] Serait-il possible que l’éclat du talent ne pût, devant certains juges, obtenir grâce pour l’amour ardent de la liberté ? […] J’ai soutenu que, dans les bons ouvrages modernes, l’expression de l’amour avait acquis plus de délicatesse et de profondeur que chez les anciens, parce qu’il est un certain genre de sensibilité qui s’augmente en proportion des idées. […] On a demandé si l’expression de l’amour avait fait des progrès depuis l’Héloïse du douzième siècle. […] Si l’on joint à ces deux exemples ceux que l’on trouvera cités dans ce livre, si l’on examine avec soin tous les ouvrages de l’antiquité, l’on verra qu’il n’en est pas un qui ne confirme la supériorité des Romains sur les Grecs, de Tibulle sur Anacréon, de Virgile sur Homère dans tout ce qui tient à la sensibilité ; et l’on verra de même que Racine, Voltaire, Pope, Rousseau, Goethe, etc. ont peint l’amour avec une sorte de délicatesse, de culte, de mélancolie et de dévouement qui devait être tout à fait étrangère aux mœurs, aux lois et au caractère des anciens.

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