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1319. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Cicéron, il est vrai, nous dit que la poésie d’Anacréon roulait toute sur l’amour. » Mais un docte et ingénieux Hellène, l’empereur Julien98, désignait Anacréon comme ayant fait beaucoup de poésies, les unes sérieuses et graves, les autres agréables et riantes ; et il le nommait à côté d’Alcée et d’Archiloque, avec la seule différence de sa vie prospère et voluptueuse aux rudes épreuves, aux passions violentes ressenties par les deux poëtes de Lesbos et de Paros. […] Pausanias, dans une de ses revues de la statuaire grecque, remarque sous un portique d’Athènes, tout près de Xanthippe, un des glorieux combattants de Mycale, Anacréon de Téos, le premier qui, après Sapho, dit-il, ait fait sur l’amour le plus grand nombre de ses vers.

1320. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Ses sonnets d’amour disent de coutume la douceur de chambres closes. […] Et la préciosité n’est-elle point d’ailleurs dans la poésie moderne la langue la plus habituelle à l’amour ? […] Ainsi germa l’amour dans mon âme surprise…. […] Ce même idéalisme il le porte dans l’amour, ou plutôt il n’emporte de l’amour que ce que cet idéalisme lui laisse. […] Elle le doit non d’elle-même, mais parce qu’est présent l’invisible Amour.

1321. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Et celles qui vantent la chasteté sont peut-être celles qui travaillent le plus directement au maintien de la vie : parler contre l’amour ou en faveur de l’amour, c’est exactement la même chose. […] L’amour, l’ambition produisent de tels effets. […] L’amour : ce mot tout seul contient tant de sens différents, et même opposés, qu’il n’en a aucun de véritable. […] Les amours sont du féminin, parce que l’idée est vague, générale, multiple, tandis que l’amour au masculin est un amour précis, unique, distinct de la simple faculté. […] Une femme qui sait lire dans les livres d’Heures sait lire aussi dans les livres d’amour.

1322. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

L’auteur, en y développant une peinture déjà touchée dans la Henriade, y faisait preuve de son admiration pour Voltaire et de son amour pour Henri IV, deux traits essentiels qui ne le quittèrent jamais. […] Fontanes, dont on a dit quelque chose de pareil, lui ressemblait par son vif amour pour ce qu’on appelait encore tes Lettres, par sa bienveillance active qui le faisait promoteur des jeunes talents. […] Il avait, je l’ai dit, un grand fonds d’idées monarchiques, une horreur invincible de l’anarchie, un amour de l’ordre, de la stabilité presque à tout prix, et de quelque part qu’elle vînt. […] comme disait M. de Pomponne de l’amour de madame de Sévigné pour sa fille. […] Si l’amour de la poésie me forçait, malgré moi, de lui sacrifier quelques heures, je ne peignais que mes douleurs ou les tableaux de la campagne que j’avais sous les yeux.

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