Cette princesse a réussi ici on ne peut mieux ; elle est adorée de tout le monde, et la reine l’aime comme son propre enfant ; le roi en est enchanté, et M. le dauphin l’aime avec passion. […] Elle continue de plaire de plus en plus ; M. le dauphin l’aime un peu trop ; il a des bouderies et des colères même dont elle sait très bien profiter, et elle passe pour une personne habile, parmi les femmes : ce qui est un cours de philosophie qui leur est particulier et dont nous ne faisons que nous douter. Mme de Blancas l’aime à la folie. […] Le roi, habitué à la voir, avait pris insensiblement confiance en elle, et il aimait à l’entretenir en secret. […] Que le maréchal de Saxe ait aimé plus ou moins les plaisirs, cela ne regarderait que lui, s’il n’en avait trop usé pour abréger une existence glorieuse et utile au pays.
Nodier, Hugo, de Vigny, l’appréciaient comme un de ces confrères choisis qui nous sont à eux seuls un public aimé, comme un de ces trouvères heureux qui sentent toujours, qui expriment quelquefois. […] Tu m’aimes, je t’adore, et tu n’es pas heureuse ! […] Sage comme je m’imaginais l’être, je n’avais plus d’autre vœu qu’une société choisie et moins éparse, ma famille, la campagne sans l’isolement, quelques livres, surtout la poésie, celle qui répondait à mes besoins, à mes sentiments, et çà et là encore, non loin de moi, quelque liaison délicate et tendre, pour achever d’aimer. […] dans ces jardins dont j’aime le mystère, Que de jours écoulés, sereins ou nuageux ! […] Je n’ai point passé l’âge où l’on plaît, où l’on aime ; Mes cheveux sont touffus et décorent mon front ; Les regards de mes yeux ont un charme suprême, Et, bien longtemps encor, les âmes s’y prendront.
II J’avais laissé ce monde obscur et enchanté de Milly au commencement de l’hiver, et j’étais parti pour rejoindre à Paris les deux personnes que j’aimais le plus au monde. […] Le seul défaut de Virieu, c’était de tenir un peu trop aux grands noms, qu’aimait sa mère ; et, quand il pouvait dire de ces personnages : Mon cousin ou ma cousine, pour attester la même filiation princière, il se sentait plus à leur niveau. […] III Il me proposa de loger chez lui, sachant que je ne venais à Paris que pour aimer et non pour briller. […] Lainé, homme d’État de l’école de Cicéron ; M. de Bonald, écrivain remarqué et remarquable, plus par la raison et la piété que par l’imagination et par le cœur ; M. le baron Monnier, fils du président de l’Assemblée constituante, M. de Rayneval, son ami, les plus spirituels et les plus aimables des hommes ; leurs deux femmes, Polonaises charmantes, qu’ils avaient épousées d’amour, à Varsovie, pendant la campagne de Pologne, et qui les aimaient comme elles en étaient aimées. […] Elle l’aimait à force de le respecter ; elle ne lui avait jamais manqué de fidélité, mais son amitié était libre ; il ne l’avait pas épousée pour la sevrer de toute douceur terrestre ; régler son cœur, ce n’était pas le supprimer ; il avait de l’affection involontaire pour moi ; moi, pour lui, par reconnaissance et par admiration.
Calas, à Toulouse, est roué comme assassin de son fils, qui s’est pendu : des juges catholiques ont cru sans preuve que ce calviniste avait mieux aimé tuer son propre enfant que de le laisser convertir. […] Il fit pleuvoir sur la tête de l’honnête Pompignan une grêle de facéties, il l’inonda de ridicule : le crime du pauvre homme était de ne pas aimer la philosophie que Voltaire aimait. […] Mais ce même homme a aimé ses amis, même ceux qui le trahissaient, qui le volaient, comme ce parasite de Thieriot. […] Telle qu’elle est, c’est un des exemplaires, je ne dis pas les plus nobles, mais les plus complets et les plus curieux des qualités et des défauts de la race française, de ces Welhies dont il a dit tant de mal, et qui se sont aimés en lui. […] Il ne saisissait pas le rapport de l’idée métaphysique de Dieu au Dieu réel et sensible des humbles d’esprit, qui ne raisonnent guère, mais qui aiment et qui espèrent.