S’agit-il d’un Taine, d’un esprit solide et tout d’une pièce, l’étude de M. […] Une autre fois, c’est de Victor Cousin qu’il s’agit. […] Il ne s’agit pas de choisir entre deux maux, mais de discerner le moindre mal : M. […] Il agit à la manière d’un stupéfiant. […] Exactement, il s’agit de vivre.
Il a vécu et agi ; il n’a point réfléchi ni écrit ; sa littérature nationale se réduit à des fragments et des rudiments, à des chansons de harpistes, à des épopées de taverne, à un poëme religieux, à quelques livres de réforme. […] À l’ouverture de chaque âge, il est d’une certaine façon ; son corps, son cœur et son esprit ont une structure et une disposition distinctes ; et de cet agencement durable que tous les siècles précédents ont contribué à consolider ou à construire sortent des désirs ou des aptitudes permanentes, selon lesquelles il veut et il agit. […] Comme chez le Flamand et l’Allemand, elles s’arrêtent d’abord dans la cervelle, elles s’y étalent, elles y déposent ; l’homme n’est point secoué, il n’a point de peine à demeurer immobile ; il n’est point entraîné ; il peut agir sagement, uniformément ; car son moteur intérieur est une idée ou une consigne, non une émotion ou un attrait. […] Si l’homme est Germain de race, de tempérament et d’esprit, il a dû à la longue fortifier, altérer, tourner tout d’un côté sa nature originelle ; ce n’est plus un animal primitif, c’est un animal entraîné : son corps et son esprit ont été transformés par la forte nourriture, par l’exercice corporel, par la religion austère, par la morale publique, par la lutte politique, par la perpétuité de l’effort ; il est devenu de tous les hommes le plus capable d’agir utilement et puissamment dans toutes les voies, le travailleur le plus productif et le plus efficace, comme son bœuf est devenu la meilleure bête à viande, son mouton la meilleure bête à laine, et son cheval le meilleur coureur. […] Sitôt que des hommes veulent agir ensemble, il leur faut des chefs ; toute association volontaire ou involontaire en a un ; quelle qu’elle soit, État, armée, navire ou commune, elle ne peut se passer d’un guide qui trouve la voie, y entre, appelle les autres, gourmande les retardataires.
Sans doute tout est fait par la cause première ; mais la cause première n’agit pas par des motifs partiels, par des volontés particulières, comme dirait Malebranche. […] La géologie, après avoir longtemps recouru, pour expliquer les cataclysmes et les phases successives du globe, à des causes différentes de celles qui agissent aujourd’hui, revient de toutes parts à proclamer que les lois actuelles ont suffi pour produire ces révolutions. […] Prendre un idiome à tel moment donné de son existence peut être utile sans doute, s’il s’agit d’un idiome qu’on apprenne pour le parler. […] L’idée de faute est déplacée en critique littéraire, excepté quand il s’agit de littératures tout à fait artificielles, comme la littérature latine de la décadence. […] Ceci est surtout choquant quand il s’agit des langues anciennes, lesquelles n’avaient pas de règles à proprement parler, mais une organisation vivante, dont on avait encore la conscience actuelle.
C’est une étude qui part de l’âme humaine et de ses diverses manifestations ; qui par la faculté de raisonner est conduite à la logique ; par la faculté de vouloir et d’agir conformément à une loi est conduite à la morale et de là remonte à la cause première de toute chose, à Dieu : elle se complète par quelques recherches métaphysiques sur l’essence de l’âme, la nature de la certitude et les principes fondamentaux de la morale. […] Les mathématiciens agissent différemment. […] Opposeront-ils cette difficulté toute gratuite que ce qui est possible pour l’étude de la nature ne l’est pas pour celle de l’homme ; qu’on peut se passer des premiers principes quand on étudie la matière et ses propriétés, mais qu’on ne le peut quand il s’agit de l’âme et de ses manifestations ? […] La psychologie dont il s’agit, ici sera donc purement expérimentale : elle n’aura pour objet que les phénomènes, leurs lois et leurs causes immédiates ; elle ne s’occupera ni de l’âme ni de son essence, car cette question étant au-dessus de l’expérience et en dehors de la vérification, appartient à la métaphysique. […] Cependant le principe qui dans les êtres animés sent, agit, veut et pense, n’a-t-il pas des variétés presque infinies qui ne se révèlent qu’à une minutieuse investigation ?