/ 1962
290. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

C’est leur affaire. […] Affaire de goût.

291. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Plus on est occupé, moins on rêve, et, pour des hommes d’affaires, la géométrie du Contrat social n’est qu’un pur jeu de l’esprit pur. […] Ils voyaient les ministres, mais c’était pour leur adresser des choses aimables et en recevoir les respects ; du reste aussi étrangers aux affaires de la France qu’à celles du Japon », et encore plus aux affaires locales qu’aux affaires générales, ne connaissant leurs paysans que par les comptes de leur régisseur. […] En ce temps-là on ne relègue pas la conversation dans les heures tardives et nocturnes ; on n’est pas forcé comme aujourd’hui de la subordonner aux exigences du travail et de l’argent, de la Chambre et de la Bourse : causer est la grande affaire  « Arrivés à deux heures, dit Morellet, nous y étions encore presque tous de sept à huit heures du soir…496 C’est là qu’il fallait entendre la conversation la plus libre, la plus animée et la plus instructive qui fut jamais… Point de hardiesse politique ou religieuse qui ne fût mise en avant et discutée pro et contrà… Souvent un seul y prenait la parole et proposait sa théorie paisiblement et sans être interrompu. […] Je suis chargé de vous offrir de vous réunir à nous pour ne faire qu’un seul cahier. » — « Il faut trois qualités à un député, dit le marquis de Barbançon au nom de la noblesse de Châteauroux : probité, fermeté, connaissances ; les deux premières se trouvent également dans les députés des trois ordres ; mais les connaissances se rencontreront plus généralement dans le Tiers-état, dont l’esprit est exercé aux affaires. » — « Un nouvel ordre de choses se déploie à nos yeux, dit l’abbé Legrand au nom du clergé de Châteauroux ; le voile du préjugé est déchiré, la raison en a pris la place.

292. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Le duc de Rivière avait été un des serviteurs du long exil des Bourbons, mais serviteur actif, dévoué, ayant joué sa vie pour sa cause ; l’ayant perdue dans l’affaire de Georges Cadoudal, et ayant obtenu la vie du premier consul, à condition de ne plus conspirer. […] M. de Chateaubriand avait de la passion et du génie : passion de jeune émigré pour les Bourbons, dieux de sa jeunesse ; génie des hautes affaires, qui donne aux hommes comme lui les grandes inspirations pour les républiques ou pour les monarchies. […] Ils traitaient ensemble dans la langue classique grecque et latine les affaires secondaires qui sont, sous un ambassadeur négligent, des détails de la compétence des secrétaires dans les grandes ambassades. […] Canning et son salon, il y avait pour lui l’Espagne ; la liaison n’alla jamais plus loin que l’intérêt des affaires. […] C’est le mien que j’accuserais d’abord, s’il n’était établi qu’un roi d’Angleterre ne doit jamais régner, et que, Stuart ou Orange, fou ou sensé, ses affaires doivent aller sans lui.

293. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

. — Louis XIV demandait un jour au cardinal de Janson, aussi bon négociateur qu’habile courtisan, où il en avait tant appris : « Sire, répondit le cardinal, c’est en courant la nuit avec une lanterne sourde, tandis que j’étais évêque de Digne, pour faire les consuls d’Aix. » Et Lisola, le célèbre diplomate franc-comtois, disait qu’il s’était très bien trouvé, dans les grandes affaires, des subtilités qu’il avait apprises « dans le ménage municipal de Besançon. » Une seule maison quelquefois suffit à qui veut observer les variétés des passions humaines : un seul bourg peut suffire, en un temps d’agitation populaire, pour soulever et faire sortir toutes les variétés d’ambitions et de haines, et pour exercer d’autre part toutes les vertus civiques ; Frochot eut de quoi en faire de plus en plus l’apprentissage : il s’honora par toute sa conduite durant ces temps calamiteux ; il y montra une fermeté qui tenait encore chez lui au premier mouvement et à l’impulsion du sang dans la jeunesse. […] Une affaire forestière l’y avait amené, et, comme elle traînait en longueur, il eut le temps de renouer ses relations de 1790 et 1791, de rafraîchir ses amitiés. […] Mais il était difficile de faire de l’ancien et si dévoué serviteur de Napoléon jusqu’en 1813 un royaliste de bonne qualité, et Frochot lui-même, avec sa probité et sa droiture, prétendait bien, dans cette triste affaire Malet, avoir été dupe, rien que dupe, et pas autre chose.

/ 1962